Que serions-nous sans les organismes communautaires?

Photo : Austin Kehmeier (Unsplash.com)

Le journal a publié récemment un cahier spécial sur le travail de nos organismes communautaires. Je voudrais y revenir, car ça m’a fait réaliser le rôle essentiel et irremplaçable qu’ils jouent dans notre communauté.

Pour nos besoins essentiels, nous dépendons de deux grands réseaux : les entreprises privées, qui s’intéressent à ce qui génère des profits pour leurs propriétaires, et notre État-providence, qui pourvoit aux services sociaux essentiels avec l’argent de nos impôts.

Ces deux pourvoyeurs, on le soupçonne, laissent pour compte beaucoup de gens et beaucoup de besoins économiques et sociaux. Qu’on pense aux besoins des personnes analphabètes, handicapées, violentées, sans emploi, toxicomanes, discriminées, désespérées, dépendantes, isolées, en perte d’autonomie, sans abri ou sans logement, délinquantes, sous le seuil de la pauvreté, atteintes de maladies chroniques ou mentales, sans auto, aux communautés en difficultés, aux problèmes environnementaux locaux, aux besoins en information, loisirs, garderies, alimentation, etc.

Qui fait des pieds et des mains pour s’en occuper? Autrefois, c’était surtout la famille qui les prenait en charge. Aujourd’hui, comme tout le monde travaille, ce sont largement les organismes à but non lucratif d’économie sociale et d’action communautaire qui s’en chargent, lesquels reposent en grande partie sur le travail bénévole et la contribution de la communauté. Et à ce chapitre de la solidarité sociale, le Québec est champion.

L’ampleur du réseau communautaire

L’ampleur du réseau social et communautaire au Québec est impressionnante : 61 000 organismes à but non lucratif dans tous les domaines, dont :

  • 11 200 entreprises d’économie sociale (51 au Kamouraska) qui ont un chiffre d’affaires de 48 milliards $ (5 % de l’économie québécoise), 220 000 employés, et qui réinvestissent leurs profits dans l’entreprise;
  • et 5000 organismes d’action communautaire, autonomes pour la plupart (plus d’une centaine au Kamouraska), qui emploient 54 000 salariés, et qui sont soutenus par 425 000 bénévoles et par les contributions volontaires des citoyens.

Au Kamouraska, tous ces organismes sont regroupés dans la Corporation de développement communautaire du Kamouraska.

Le financement public du réseau communautaire

Il était normal que l’État québécois soutienne l’action des citoyens, et le développement social que réalisent ces organismes qui suppléent aux besoins et services laissés en plan par le système en place. Le gouvernement québécois a donc accepté progressivement d’encadrer le statut particulier des entreprises d’économie sociale, regroupées dans le Chantier d’économie sociale (loi et plan d’action sur l’économie sociale), ainsi que le statut et les modalités de soutien financier pour les organismes communautaires autonomes, via son Secrétariat et son Plan d’action gouvernemental en action communautaire (ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale).

Mais sa contribution demeure bien en deçà des besoins de ces organismes. Cette année, le gouvernement a ajouté deux millions $ à son enveloppe pour l’action communautaire autonome, mais le Regroupement québécois des intervenants en action communautaire a estimé les besoins réels à 460 millions $ : on est loin du compte, qui atteint à peine la moitié de ce que le gouvernement a engagé dans l’aventure Northvolt. Ce sont donc les citoyens qui continuent principalement à faire vivre tous ces services communautaires.

Cette extraordinaire contribution des citoyens à la prise en charge des plus vulnérables et négligés de leur communauté est admirable. L’État a tort de ne pas faire confiance aux citoyens, et devrait y voir un investissement plutôt qu’une dépense. Vivement des communautés autonomes et durables!