Réchauffement du climat : le combat se précise

Photo : Maxim Tolchinskiy (Unsplash.com)

De COP en COP, d’élection en élection, de manif en manif, de manifeste en manifeste, le plan de combat contre le réchauffement du climat se précise, même si les actions ne suivent pas toujours chez les gouvernements, les entreprises… et nous tous, citoyens.

Premièrement, l’objectif est désormais clair pour tous. Pour un réchauffement n’excédant pas 1,5 degré (nous sommes à 1,2), il faut réduire nos émissions de gaz à effet de serre (GES) d’environ 50 % d’ici 2030 (court terme) et atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 (long terme). Faute de quoi, on file vers un réchauffement de plus de deux degrés en 2050 (2,7 et plus au nord) et on assistera à une dégradation incontrôlable des conditions de vie sur terre : catastrophes naturelles, fonte des glaces et du pergélisol, réchauffement et montée des océans, inondations, érosion des berges, villes submergées, tornades, canicules, sécheresses, famines, désertification, pénuries d’eau potable, perte accélérée de biodiversité, feux, réfugiés climatiques, troubles sociaux, etc.

Deuxièmement, la stratégie elle aussi se précise : il faut viser la neutralité carbone, donc la fin de l’exploitation et de l’utilisation des énergies fossiles : charbon, pétrole, gaz, etc. Donc, moins de gros et petits véhicules (de transport, d’utilité ou de plaisance) à essence prioritairement, mais aussi électriques, car l’électrification des transports a aussi son coût et ses limites ; moins d’asphalte, moins de déplacements, moins de voyages par avion, moins de tourisme, moins de plastiques, moins de grosses maisons et de grosses villes, moins de banlieues, moins d’agriculture industrielle, moins d’industries lourdes, moins de consommation d’énergie, moins d’élevages, moins de centralisation et de libre-échange, moins d’individualisme, mais plus de solidarité, plus d’énergies vertes et renouvelables, plus de transport collectif, plus d’électrification des transports, plus de marche et de vélo, plus d’autosuffisance alimentaire et d’économie locale, plus de forêts, plus de communautés autonomes et durables, plus de démocratie pour infléchir les décisions politiques.

Troisièmement, la mise en œuvre de ces mesures prend forme : un prix dissuasif sur le carbone. Pour atteindre la neutralité carbone, il faut qu’il soit de plus en plus coûteux d’utiliser les énergies fossiles et de plus en rentable d’utiliser les énergies vertes et renouvelables, et surtout, d’en utiliser moins. C’est ici qu’intervient l’action des gouvernements, chez nous, mais aussi en collaboration avec les pays les plus pauvres, qu’on accuse injustement de ne pas en faire assez (on oublie qu’ils ont droit eux aussi à une vie meilleure, que leurs émissions par habitant sont inférieures aux nôtres et qu’ils nous servent souvent de fournisseurs et de poubelles). C’est ici que le bât blesse… Par exemple, quand les pétrolières canadiennes continuent à augmenter leur production, avec l’aide du gouvernement, qui se vante de tout faire pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 !

Et il ne faut pas oublier tout le reste qui met en danger la vie sur notre planète, c’est-à-dire les autres facteurs que le climat, qui affecteront de plus en plus nos conditions de vie et de survie sur terre : la croissance continue de la population, des besoins alimentaires, des inégalités sociales, de l’activité industrielle, de la pollution et l’épuisement des ressources non renouvelables et même renouvelables, tous des facteurs qui nous conduisent présentement à un dépassement irréversible des capacités de notre petite planète bleue. Nous ramons vers une immense chute et le courant est de plus en plus fort.

Il s’agit donc de changements énormes en perspective dans notre façon de vivre, de produire, de consommer, et dans notre rapport à la nature.

Ce goulot d’étranglement qui se resserre sur nous, c’est justement ce qu’on appelle le capitalisme : c’est quand la vie consiste à gagner et dépenser de l’argent, au prix de la destruction de notre fragile habitat sur cette planète.