Réserve de biodiversité : La dernière embuche tombe pour le lac de l’Est

Le lac de l’Est en hiver. Photo : Facebook Camping et plage du Lac de l'Est.

Rien ne devrait plus empêcher le lac de l’Est et son pourtour d’obtenir sa réserve de biodiversité. Québec a adopté le 12 avril dernier le projet de loi mettant fin à l’exploration et l’exploitation d’hydrocarbures sur le territoire québécois, dernière embuche qui faisait office de justification dans ce dossier.

Déjà près de 10 ans que le lac de l’Est et son pourtour ont été ciblés pour y créer une réserve de biodiversité. Un ensemble de permis délivrés à des entreprises pétrolières et gazières visant à y faire l’exploration et l’exploitation d’hydrocarbures – ce qui n’est jamais survenu — était tout ce temps pointé du doigt comme frein à la concrétisation du projet, malgré l’acceptation sociale des autres acteurs socioéconomiques faisant usage du territoire visé.

Le projet de loi adopté plus tôt cette semaine vient abolir cette dernière embuche, Québec proposant dans la foulée un dédommagement de 100 M$ aux entreprises détentrices de ces permis sur le territoire québécois, malgré une demande de l’industrie qui frôlait plutôt les 500 millions. Le gouvernement crée ainsi un précédent, devenant le premier État en Amérique du Nord à légiférer sur cette question.

« Nous sommes heureux de l’adoption de ce projet de loi. Nous ne sommes pas encore à l’étape de la sanction, mais il nous donne ce qu’on attendait : la levée des derniers blocages sur les quatre territoires d’intérêt restants qui avaient été ciblés au Bas-Saint-Laurent pour accueillir des projets d’aires protégées », a déclaré Patrick Morin, biologiste et directeur adjoint au Conseil régional de l’environnement du Bas-Saint-Laurent (CREBSL).

Le sentiment est aussi partagé par le président de la Corporation de développement de Mont-Carmel Denis Lévesque, porteur du dossier avec le soutien du CREBSL. Tous les espoirs sont permis maintenant quant à la concrétisation de ce projet, à courte échéance.

« Selon les dernières communications que nous avons eues, le projet serait très bien positionné au gouvernement sur la liste des territoires susceptibles à être décrétés aire protégée. C’est sûr qu’il va nous rester des consultations à faire, mais on sent tranquillement que notre patience commence à payer », a-t-il ajouté.

Qu’est-ce qu’une réserve de biodiversité?

Les réserves de biodiversité sont décrétées par le gouvernement provincial et sont choisies de façon à assurer une représentativité des différents milieux naturels du Québec. Dans le cas du lac de l’Est, sa sélection à l’échelle régionale comme territoire d’intérêt vient notamment du fait que son paysage forestier est préservé en majeure partie dans son pourtour, que le secteur est déjà reconnu pour le récréotourisme et la villégiature et que le plan d’eau, actuellement à un stade oligotrophe, est à une étape relativement jeune de son cycle de vieillissement, ce qu’une aire protégée contribuerait à maintenir.

La proximité de l’aire de confinement du cerf de Virginie, à moins d’un kilomètre au nord du lac, est un autre élément qui justifie l’intérêt d’y créer une réserve de biodiversité. Rappelons que le territoire ciblé par le projet est d’une superficie de 96 km2.

Parmi les activités permises dans une réserve de biodiversité, mentionnons la chasse, la pêche, le piégeage, l’accès et la circulation de véhicules motorisés comme des quad, motoneige ou bateau à moteur. Les activités courantes des ZEC, pourvoiries et réserves fauniques ainsi que la randonnée de tout acabit sont d’autres exemples d’usages permis sur ce type de territoire.

Les interdits impliquent quant à eux l’exploration et exploitation minière, gazière et pétrolière, ce qui jusqu’à l’adoption du projet de loi posait problème dans le cas du lac de l’Est en raison de la nature des permis qui y avaient été délivrés dans le passé. Toute production commerciale ou industrielle d’énergie, comme un parc éolien, à titre d’exemple, ne pourrait se faire dans la zone de biodiversité projetée, même chose pour l’aménagement forestier industriel. À ce chapitre, mentionnons qu’un moratoire sur la coupe forestière est en vigueur sur le territoire envisagé, et cela, depuis le dépôt du projet au ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.