Les résidents les plus anciens pensaient qu’elles ne reviendraient plus après l’éclosion survenue à la fin des années 2000 et les efforts collectifs déployés par les riverains pour en venir à bout. Pour les nouveaux résidents qui ignoraient les actions du passé, le réveil a été brutal. L’été 2021 marque le retour des algues bleu-vert (cyanobactéries) au lac Saint-Pierre. Un retour qui témoigne de la fragilité de ce plan d’eau actuellement en processus de vieillissement accéléré au Kamouraska.
Pendant que la canicule s’éternisait en août dernier au Québec, les résidents du lac Saint-Pierre regardaient leur plan d’eau la sueur au front sans possibilité de s’y rafraîchir. Quelques jours auparavant, le 26 juillet, l’Association des résidents recommandait aux riverains sur sa page Facebook de cesser la baignade et la consommation de l’eau du lac après plusieurs signalements laissant croise à une éclosion de cyanobactéries.
Pour un de ces résidents qui a déjà assisté à la mobilisation de la communauté riveraine à la suite de la première éclosion survenue à l’été 2007, celle de 2021 était prévisible. « Je suis vraiment en colère. C’est malheureusement du chacun pour soi depuis quelques années maintenant autour du lac », a-t-il déclaré.
Selon lui, le manque de mobilisation des bénévoles actuellement impliqués au sein de l’Association peut expliquer en partie la situation. Dans les années qui ont suivi l’éclosion de 2007, l’ancien président de l’Association — il a depuis vendu sa résidence et quitté les berges du lac Saint-Pierre — était très proactif de ce côté auprès des nouveaux résidents, a-t-il souligné.
À la même époque, l’Association ainsi que les trois municipalités riveraines (Mont-Carmel, Saint-Gabriel-Lalemant et Saint-Pacôme) s’étaient concertées en collaboration avec OBAKIR (organisme de bassins versants) pour coordonner une série d’actions qui avaient été chapeautées par la MRC de Kamouraska. Toutes étaient orientées vers l’amélioration de la qualité de l’eau du lac Saint-Pierre et avaient porté fruit.
Depuis, de nouveaux propriétaires ont emménagé, certains étant moins familiers avec la réglementation et les bonnes pratiques à adopter en bordure de l’étendue d’eau. Les bénévoles impliqués au sein de l’Association ayant aussi changé, ce résident de longue date estime qu’un manque d’interventions et de communication a fini par inciter à une forme de laisser-aller chez les riverains.
Rapport de l’eau
Ce point de vue est également partagé par d’autres résidents plus récents qui constatent aujourd’hui avec désarroi que les activités récréatives qu’ils espéraient pouvoir réaliser sur le lac Saint-Pierre sont en quelque sorte hypothéquées pour les prochaines années en raison de la piètre gestion de la qualité de l’eau. Ils déplorent, entre autres, avoir dû chercher par eux-mêmes l’information qui donnaient pourtant un signal d’alarme important sur l’état de situation actuel du lac Saint-Pierre.
« Le rapport sur le suivi de la qualité de l’eau en 2020 est pourtant catégorique. Il est sorti le 25 mars 2021 et personne ne nous a transféré ça. On a mis la main dessus par hasard en cherchant sur le web », ont-ils expliqué.
Dans ce rapport du Réseau de surveillance volontaire des lacs, le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) classe le lac Saint-Pierre dans la catégorie méso-eutrophe en ce qui a trait à la présence de chlorophylle et la transparence de l’eau. Ainsi, le lac vit actuellement un processus de vieillissement accéléré en raison de l’apport des activités humaines qui s’y déroulent. Pour ralentir le processus, le MELCC recommande « l’adoption de mesures pour limiter les apports de matières nutritives issues des activités humaines. Cela permettrait de préserver l’état du lac et ses usages. »
Ces résidents ne comprennent donc pas qu’avec pareille conclusion, aucune action concrète n’a été entreprise pour prévenir l’éclosion de cet été et ralentir le processus de vieillissement du lac. « On navigue sur le lac et on voit des gens qui ne respectent pas les bandes riveraines, qui font de la coupe à blanc sur leurs terrains, des nouveaux et des nouvelles descentes qui apparaissent ici et là, sans qu’il y ait nécessairement de nouvelles constructions qui les accompagnent. Où est l’Association ? Que font les Municipalités et la MRC ? », ont-ils soulevés et questionnés, unanimement.
Sur le même sujet :