Au XIXe siècle, Rivière-Ouelle est une paroisse rurale prospère et paisible. Mais sur le plan politique, elle est le théâtre de rivalités qui font couler beaucoup d’encre.
Les luttes politiques dans cette localité de la Côte-du-Sud trouvent probablement leurs origines dans des chicanes de clocher remontant à la division de la paroisse pour créer celle de Saint-Denis-de-la-Bouteillerie en 1833. Elles ne sont pas étrangères également à une certaine concurrence entre les notaires qui se cherchent une clientèle.
À partir de leurs allégeances et des alliances matrimoniales, les notables de Rivière-Ouelle tissent deux réseaux distincts. Le premier adhère aux idées du parti bleu, lequel est appuyé par le clergé catholique. Il gravite autour de la famille Dionne. Parmi celles-ci, on retrouve les Desbarats, Garon, Boucher, Langlais et Chapais.
Le second réseau plus proche du parti rouge et plus libéral est lié au marchand Pierre Casgrain. On pense alors aux Têtu, aux Gagnon et aux Letellier. L’historien Pierre-Henri Hudon a fait un portrait fascinant de ces réseaux dans sa monographie sur Rivière-Ouelle (1972).
Plusieurs hommes politiques sont issus de ces deux grands réseaux. Mentionnons Luc Letellier de Saint-Just (1820-1881) qui pratique le notariat dans sa paroisse natale. Son adversaire, Jean-Charles Chapais (1811-1885), est plus conservateur et il est lié au parti bleu à Saint-Denis-de-la-Bouteillerie. L’historien Robert Rumilly raconte que la rivalité entre les deux hommes a été marquée par des contestations d’élections, des rixes et des manœuvres frauduleuses. Entre 1850 et 1857, ils s’affrontent à cinq reprises. Appuyé par son beau-père, le marchand Amable Dionne de Kamouraska, Chapais connaît toute une carrière politique. On le considère aujourd’hui comme l’un des Pères de la Confédération. L’histoire politique des Chapais a fait l’objet d’une publication importante en 1961, Les Mémoires Chapais. Celle des Casgrain a été dans Le Mémorial des familles Casgrain, Baby et Perreault paru en 1898.