Run de lait : Autopsie d’une industrie qui nous concerne tous

Justin Laramée. Photo : Stéphane Bourgeois

Justin Laramée ne connaissait pas grand-chose à l’industrie laitière avant de se lancer dans le projet Run de lait. Avec beaucoup d’humilité, le père de famille montréalais s’est jeté corps et âme dans cette aventure – son 57e spectacle de théâtre professionnel – sans trop savoir où elle allait le mener. Sept ans après les balbutiements de ce projet, la run a été longue, mais ô combien inspirante.

Run de lait est à l’industrie laitière québécoise ce que J’aime Hydro a été il y a quelques années à la société d’État chouchou des Québécois.

Industrialisation et consolidation des fermes, gestion de l’offre, taux de suicide chez les producteurs agricoles, bien-être animal, environnement, et bien entendu, le consommateur, Justin Laramée s’attaque aux tabous d’une industrie devenue la plus importante de la belle province dans le milieu agricole.

« Le ton n’est pas moralisateur », s’empresse-t-il de dire. « En fait, je crois que la pièce fait un beau pont entre le milieu rural et le milieu urbain », résume l’acteur, auteur, producteur et co-metteur en scène de la pièce.

Sur scène, Justin Laramée est accompagné de Benoît Côté, son ami et musicien. La dichotomie entre les deux permet de faire le lien entre « Montréal et les régions », dit-il. D’un côté, Justin incarne cet « urbain » consommateur de fromages fins. De l’autre, Benoît est celui qui provient de la famille évoluant dans un modèle agricole conventionnel. « La pièce a de l’empathie pour toutes les parties; autant la ferme de 4000 vaches que le petit bio en circuit court. »

La prémisse demeure néanmoins celle d’un père de famille, « bon consommateur », qui veut encourager les producteurs d’ici, mais qui se questionne à savoir comment le modèle actuel peut être réinventé.

Quatre ans de recherche

Dans une enquête qui a duré quatre ans, Justin Laramée a fait le tour du Québec pour mieux comprendre cette industrie laitière, à la fois mal-aimée et source de fierté, et les enjeux auxquels elle fait face. « De cette tournée est ressortie l’idée de cette run de lait qui a donné le titre à la pièce. Chaque fois que je faisais une rencontre, on m’en suggérait une autre, et ainsi de suite. »

Malgré la richesse du sujet, Justin Laramée avoue avoir eu plusieurs phases de découragement. Bien comprendre le rôle des différents acteurs de l’industrie, et le rendre digeste sur scène, n’a pas été une chose simple, le sujet étant assez complexe en soi.

La passion qui l’anime aujourd’hui lorsqu’il parle de son projet démontre que l’acteur, auteur, producteur et co-metteur en scène a bien su assimiler la matière, au point de se sentir bluffé quand il nous rappelle que sa connaissance du milieu était au départ limitée.

« On travaille actuellement un autre projet similaire, mais sur l’industrie du porc. Pour nous, c’est une façon de boucler la boucle », confie celui qui a visiblement eu la piqûre de l’agriculture.

Plus de 50 représentations de Run de lait ont eu lieu depuis 2022. Cinquante autres sont à l’agenda pour la prochaine année, dont celle prévue à la Salle André-Gagnon de La Pocatière, le mercredi 20 septembre prochain à 20 h. Billets en vente au salleandregagnon.com.