Saint-Cyrille-de-Lessard est récemment tombé sous administration provisoire de la Commission municipale du Québec en raison de la démission récente du maire, de trois conseillers, de la directrice générale et même de l’ensemble des employés municipaux. Une plainte contre un ex-conseiller à l’Unité permanente anticorruption (UPAC) a même été déposée.
Selon nos informations, la situation perdurerait dans la localité de plus de 700 âmes depuis quelques années. Contacté par Le Placoteux, l’ex-maire de la municipalité, Michel Saint-Pierre, affirme avoir décidé de quitter son poste puisque, dit-il, il se retrouvait isolé face à ce qu’il nomme « l’autre clan ». « J’étais en train d’y laisser ma santé. Même que j’avais de la difficulté à trouver le sommeil. Ça fait longtemps que ça dure. »
Chronologie
En 2022, le maire Michel Caron annonçait sa démission dans une lettre évoquant sa volonté de préserver son intégrité. L’année suivante, au moins quatre directeurs généraux par intérim se sont succédé. Le 19 août 2024, une plainte pour harcèlement psychologique visant le conseiller Nelson Cloutier est discutée en séance publique. Pour mettre fin à la plainte, M. Cloutier propose de démissionner, ce qu’il s’engage à faire le 20 août. Le 7 janvier 2025, lors d’une séance du conseil, deux points inscrits à l’ordre du jour (1,8 et 1,9) font état de demandes d’enquête à l’UPAC.
La Municipalité a en effet déposé une plainte auprès de la Commission municipale du Québec (CMQ) et de l’UPAC contre Nelson Cloutier, désormais ancien conseiller municipal. Dans la plainte, ce dernier est accusé d’ingérence, de malversations, et d’avoir exercé des pressions indues sur l’administration municipale, ce qui aurait conduit au départ de plusieurs directeurs généraux et conseillers.
Puisqu’une première plainte à la CMQ en juillet 2024 était demeurée sans réponse, le conseil municipal a demandé une enquête approfondie et d’éventuelles poursuites judiciaires. « On demande à la Commission municipale du Québec et à l’UPAC de venir faire enquête, et de révéler les éléments de mauvaise gestion des années passées pour que cela ne se reproduise plus », peut-on lire dans le procès-verbal du 7 janvier 2025 de la Municipalité de Saint-Cyrille-de-Lessard.
Seconde plainte
Une seconde plainte, adoptée également par résolution le 7 janvier, vise quant à elle Les Excavations Louis Richard, une entreprise accusée de fournir des matériaux de mauvaise qualité, d’avoir bénéficié d’un traitement de faveur sous la pression de M. Cloutier, et d’avoir adressé des menaces à un ancien directeur général.
Il est inscrit au procès-verbal que : « Le conseil municipal demande à l’UPAC de venir faire enquête, et de révéler les actes illégaux, les tentatives de corruption, et tout autre élément non conforme à une saine relation d’affaires entre une municipalité et un entrepreneur. On demande à l’UPAC de porter les accusations qui s’imposent face à cette entreprise et son propriétaire, et de retirer de la liste des fournisseurs Les excavations Louis Richard le temps de l’enquête. »
Le 4 mars, la directrice générale Lucie Roger dépose une plainte pour harcèlement psychologique à l’encontre de quatre conseillers, tel qu’inscrit au point 1.6 de la séance. Deux semaines plus tard, le 18 mars, Mme Roger remet sa démission, évoquant de nouveau du harcèlement psychologique. À la fin du même mois, trois conseillers quittent eux aussi leurs fonctions, accentuant encore la crise politique qui secoue la mairie. « Nous l’avions engagée car elle était très compétente, et parce qu’elle nous avait été référée par le ministère des Affaires municipales. Elle est douée pour remettre en ordre l’administration municipale, ce qu’elle a fait avec brio. Toutefois, l’ambiance corrosive au sein du conseil a eu raison d’elle », ajoute M. Saint-Pierre.
Administration provisoire levée
Faute de conseillers en nombre suffisant pour atteindre le quorum nécessaire à la prise de décisions, la municipalité de Saint-Cyrille-de-Lessard a été administrée provisoirement par la Commission municipale du Québec. Cependant, en raison de la réintégration d’un conseiller démissionnaire, il y a eu levée de l’administration provisoire. Des démarches seraient par ailleurs en cours pour trouver un nouveau directeur général. L’ex-député-ministre libéral Jean D’Amour aurait été approché pour le poste, mais ce dernier aurait plutôt offert de les accompagner dans leur démarche afin de trouver la perle rare, faute de temps.