Saint-Roch-des-Aulnaies perd son curé

Depuis la fin juin, l’abbé Marcel Coulombe, qui était en poste depuis plus de 20 ans, a dû quitter la paroisse. Photo : Diocèse de Sainte-Anne-de-La-Pocatière.

Alors qu’il n’y a pas si longtemps, le curé était disponible presque 24 heures par jour pour aider les fidèles à répondre à leurs besoins spirituels, au presbytère de Saint-Roch-des-Aulnaies, c’est une boîte vocale automatique qui informe l’interlocuteur que « la messagerie est pleine ». Depuis la fin juin, l’abbé Marcel Coulombe, qui était en poste depuis plus de 20 ans, a dû quitter la paroisse.

« Ça a été un choc pour nos fidèles », confie François DeGrandpré, président du conseil de fabrique de Saint-Roch-des-Aulnaies. La politique diocésaine veut qu’il n’y ait plus aucun prêtre dit résidant — rattaché à une seule paroisse —, et que les services religieux doivent être centralisés. C’est ce qui a été appliqué au presbytère de Saint-Roch, alors qu’une nouvelle équipe de prêtres doit éventuellement s’installer au second étage, le premier étant occupé par le bureau de la fabrique et par le Café de l’Estuaire — qu’on connaissait sous le nom de Café du bon Dieu jusqu’à cet été.

Pour l’instant, les messes sont assurées par des prêtres visiteurs avec des horaires variables, une situation qui bouleverse les habitudes des paroissiens. « L’abbé Coulombe était le dernier prêtre résidant des 54 paroisses du diocèse. C’est une réalité qui s’impose dans un contexte où les vocations se raréfient, et où les prêtres vieillissent », explique M. DeGrandpré, ajoutant que l’abbé Coulombe était très apprécié de la communauté. « Il y avait un réel attachement entre lui et les gens de Saint-Roch. Son départ laisse un grand vide, non seulement spirituellement, mais aussi humainement. »

Des travaux de rénovation doivent avoir lieu au second étage du presbytère pour accueillir les prêtres venus d’Afrique, en conformité avec le projet diocésain en cours.

Regrouper les services religieux

Richard N’Gole, vicaire général au diocèse de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, précise que le départ de l’abbé Coulombe — qui permettra en même temps à l’homme de 83 ans de se reposer — s’inscrit dans un plan plus vaste du diocèse visant à regrouper les services religieux face à la pénurie de prêtres. « Le prêtre qui remplacera l’abbé Coulombe arrivera en septembre. Il partagera ses responsabilités entre plusieurs paroisses, tout en occupant un rôle important au sein de l’équipe diocésaine », explique M. N’Gole.

Le nouveau prêtre, d’origine africaine, sera non seulement responsable des messes à Saint-Roch-des-Aulnaies, mais il assumera également des fonctions au sein du diocèse, notamment en tant que membre de l’équipe qui dessert plusieurs paroisses de l’unité Centre. « Il ne s’agit plus d’avoir un prêtre résidant, mais de faire venir des prêtres en mission pour répondre aux besoins des différentes communautés », ajoute M. N’Gole. Cette approche vise à pallier le manque de vocations locales, et à maintenir la vitalité de la pratique religieuse dans la région.

Faire venir ces prêtres en mission n’est pas sans défis. « Il faut se conformer aux exigences strictes de l’immigration, ce qui peut prendre plusieurs années », conclut M. N’Gole. Les démarches administratives, bien qu’ardues, sont indispensables pour permettre à ces prêtres étrangers de continuer la mission dans des paroisses où le besoin est pressant. Malgré ces obstacles, le diocèse reste optimiste quant à l’accueil et à l’intégration de ces nouveaux pasteurs au sein des communautés locales.

Alors que l’église peine à remplir ses bancs, et que la pratique religieuse décline d’année en année, les célébrations dominicales, autrefois une occasion de rassemblement communautaire, se tiennent désormais dans la sacristie de l’église de Saint-Roch, avec une soixantaine de fidèles tout au plus. Malgré tout, le soutien financier à la paroisse reste solide, témoignant de l’attachement des habitants à leur église, même si la fréquentation diminue.

L’abbé Coulombe demeure serein

Après 23 ans de service à Saint-Roch-des-Aulnaies, l’abbé Marcel Coulombe a quitté sa paroisse avec sérénité. Joint à Cap-Saint-Ignace, où il demeure désormais, il accepte la décision du diocèse avec sagesse, malgré la surprise.

« Ce n’était pas ma décision, mais je l’accepte. À 83 ans, il est normal que d’autres prennent le relais », confie celui qui avait pris sa retraite active en 2013, tout en continuant à soutenir les paroissiens de Saint-Roch-des-Aulnaies.

« Je faisais ce que je pouvais pour la communauté, je faisais la job sans que ça coûte un sou à personne », ajoute l’homme d’église avec une résilience remarquable. « Le projet du diocèse d’établir une nouvelle équipe de prêtres au presbytère a du sens. Il est normal que les nouveaux projets exigent des changements. » Aurait-il pu rester au presbytère? « Je ne voulais pas être comme une belle-mère dans le décor. »

Né à L’Isle-aux-Grues, l’abbé Marcel Coulombe a consacré sa vie à l’Église. Ordonné prêtre en 1966, il y a près de 60 ans, il a occupé divers postes, dont celui de chancelier au diocèse pendant plus de dix ans. Son parcours l’a mené de Saint-Alexandre à Rome, puis finalement à Saint-Roch-des-Aulnaies en 2001, où il a laissé une empreinte durable. Son départ a provoqué une onde de choc parmi les paroissiens, avec qui il avait tissé des liens profonds. « Je pense qu’on a réussi à faire quelque chose de bien, grâce à la collaboration et la créativité de chacun. »

Évolution des besoins

Quant à l’avenir des paroisses, l’abbé Coulombe a sa petite idée. « Ce qui se passe aujourd’hui est similaire à ce qu’ont vécu nos ancêtres : une évolution des besoins et des structures. Ce n’est pas facile, mais lorsqu’il y a de la bonne volonté et de la créativité, ça ne peut être que positif. Avant, on devait se déplacer pour aller faire son épicerie. Aujourd’hui, on peut faire cela de chez soi, sans se déplacer. Les choses changent », explique-t-il, traçant un parallèle entre les défis rencontrés par les paroisses et ceux auxquels font face les municipalités en processus de regroupement.

« Tout comme les paroisses autrefois fondées pour rassembler les gens, les municipalités ont été créées pour répondre à des besoins spécifiques de la communauté. Aujourd’hui, ces structures sont remises en question, et il n’est pas surprenant que des résistances émergent. On a enseigné pendant des décennies qu’il fallait se méfier du voisin, que ce soit une paroisse ou une municipalité voisine. Maintenant, on demande aux gens de collaborer, mais le changement n’est jamais facile. »

À Cap-Saint-Ignace, il continue de servir à sa manière, en s’occupant de la maison familiale et du jardin. « Je ne suis pas à la retraite, je continue de servir la collectivité, mais autrement », conclut-il, en laissant un dernier message à ses anciens paroissiens : « Croyez en l’avenir et en ceux qui continuent leur travail. Nous devons avoir foi en ce que les autres peuvent construire. »