J’avoue. J’ai transgressé l’une des règles les plus importantes de l’éthique journalistique. J’écris un texte sur un livre que je n’ai pas lu au complet. Mais je n’ai pas honte, parce que je me suis imposé cet arrêt de lecture pour ne pas gâcher mon plaisir de me donner le temps de réfléchir à chacune des savoureuses tranches de vie pleines de sagesses du livre Sur la clôture, d’Éliane Vincent.
L’ouvrage est constitué de textes du Blogue citoyen du Bas-du-Fleuve, qu’a signés et publiés l’auteure entre 2012 et 2022. Des écrits aussi courts que pertinents, remplis de sagesse, et que l’on prend plaisir à relire encore et encore. Sur la clôture fait sourire, réfléchir. Œuvre à la fois personnelle et profondément humaine, le livre se déguste lentement, à petites bouchées, comme un bon plat dont on ne veut pas voir la fin.
Originaire de Montréal, Éliane Vincent a adopté Saint-Pacôme il y a plusieurs années. C’est là qu’elle a fait son nid et s’occupe de ses oisillons. Son écriture, à la fois poétique et ancrée dans le quotidien, se démarque par sa capacité à toucher des sujets universels à partir d’anecdotes.
Son livre est un recueil d’histoires et de réflexions, où Éliane explore son rôle d’observatrice entre deux mondes, une position qu’elle assume depuis l’enfance. « J’ai toujours été sur la clôture, entre deux groupes, deux idées, sans vraiment appartenir à l’un ou l’autre », confie-t-elle lors du lancement auquel une cinquantaine de personnes ont assisté. À travers ses récits, elle ouvre des portes sur les réalités sociales et personnelles, tout en invitant ses lecteurs à poser un regard critique et empathique sur ce qui les entoure, sans jamais imposer une façon de penser, sans jugement aucun.
Tombée dans les livres…
Graphiste de formation, Éliane Vincent a contribué à de nombreux projets artistiques et communautaires, mais c’est à travers les mots qu’elle a trouvé une véritable liberté d’expression. Dès son jeune âge, elle a été plongée dans un univers littéraire riche grâce à son père, un passionné de littérature. « Il y avait des livres partout à la maison, et il ne m’a jamais interdit de lire quoi que ce soit, même les titres les plus audacieux pour mon âge », raconte-t-elle en riant. Cette exposition précoce aux mots et aux idées a façonné son style d’écriture, influencé également par les grands de la chanson française comme Brel et Brassens.
Sur la clôture propose un regard profondément ancré dans la réalité, mais avec une touche poétique. Que ce soit en parlant de la fermeture de l’église de Saint-Pacôme, ou en abordant les choix de vie de sa propre fille, Éliane navigue entre le petit et le grand, le local et l’universel, avec une légèreté qui invite à la réflexion sans jamais imposer une opinion.
Cette capacité à aborder des sujets difficiles avec sensibilité et humour est l’une des raisons pour lesquelles son blogue est si populaire. « J’ai déjà entendu des lecteurs dire qu’ils attendaient mon prochain billet pour mieux comprendre l’actualité locale, » partage-t-elle avec humilité. Ses textes, qu’ils soient publiés dans Le Placoteux, ou maintenant dans son livre, ne cherchent jamais à donner des leçons, mais plutôt à ouvrir des discussions.
Femme de mots et de cœur
Éliane Vincent est une femme de mots, mais elle est avant tout une femme de cœur. Pour elle, l’écriture est un moyen de changer le monde, ne serait-ce qu’un petit peu, texte par texte, phrase par phrase. Sur la clôture est une invitation à prendre place sur cette fameuse clôture, à regarder des deux côtés, à comprendre sans juger. Un livre à découvrir pour sa plume douce, mais percutante, et pour ses réflexions qui résonnent longtemps après la dernière page tournée. Sur la clôture est disponible dans toutes les bonnes librairies, dont L’Option de La Pocatière, où a eu lieu le lancement.