Tourisme estival : Kamouraska-L’Islet face à l’inconnu pour 2022

Lac Trois-Saumons à Saint-Aubert. Photo : DanielTphoto (Facebook Destination Région L’Islet).

Autant dans Kamouraska que dans L’Islet, les intervenants touristiques sont catégoriques : 2021 a été une saison exceptionnelle. À l’approche de 2022, des variables économiques différentes combinées à une évolution pandémique encore incertaine questionnent sur le positionnement à adopter en matière promotionnelle.

Jean St-Pierre, directeur général de l’Office du tourisme de la MRC de L’Islet, a sondé comme chaque année ses membres à savoir comment s’est déroulée leur saison estivale 2021. Sur 40 réponses, 12 d’entre elles ont parlé d’une saison record et 22 d’un très bel été. Même s’il ne s’agit pas de l’ensemble des intervenants touristiques de la MRC, Jean St-Pierre est d’avis qu’il s’agit là d’un point de vue généralisé.

« Le seul aspect négatif qui est ressorti est la difficulté à livrer. Avec la pénurie de main-d’œuvre qui est particulièrement criante dans le secteur touristique, nos membres ont relevé qu’il a été difficile de gérer l’affluence, l’attente et le rendement par moment », indique-t-il.

Ce constat tiré pas Jean St-Pierre diffère peu de celui d’Yvonne Tremblay, agente en tourisme et aux communications chez Promotion Kamouraska. Là aussi, la capacité d’accueil des entreprises touristiques a été grandement influencée par la pénurie de main-d’œuvre, généralisée à pratiquement toutes les sphères d’activité économique.

« En restauration, on observe que certaines entreprises peuvent jouer avec l’horaire en fermant les lundis ou les mardis. Mais pour l’hébergement, ne pas fonctionner sept jours sur sept c’est pratiquement impensable. J’ai des propriétaires qui ont travaillé sans arrêt tout l’été parce qu’ils étaient incapables de trouver des femmes de chambre », poursuit-elle.

Achalandage

À la Maison du Kamouraska de La Pocatière, bureau touristique habituellement le plus achalandé au Kamouraska, 2021 a même atteint des niveaux de fréquentation similaire à ceux de 2018 avec 4187 actes d’information réalisés par les préposés. La fin de saison a aussi vu revenir quelques touristes hors Québec, notamment ceux de l’Ontario. Dans L’Islet au bureau de Saint-Jean-Port-Joli, les actes d’information touristique sont revenus à près de 1000, ce qui se rapproche des statistiques de 2019.

« Les gens croient souvent à tort que le plus fort de la saison touristique se vit durant les vacances semaines de la construction. Ce qu’on observe de notre côté c’est plutôt un crescendo continu à partir de la Fête nationale et qui s’accélère à partir des deux semaines de la construction », souligne Yvonne Tremblay.

Il n’est d’ailleurs pas rare que l’hébergement soit complet partout en août dans l’ensemble du Kamouraska, selon l’agente en tourisme et aux communications. Même chose dans L’Islet où Jean St-Pierre est d’avis qu’il manque d’hébergement haut de gamme, entre autres. La fermeture de certains lieux d’hébergement dans les régions périphériques à L’Islet et Kamouraska ces dernières années aurait même une incidence sur le territoire des deux régions lors des périodes de pointe, le tourisme n’ayant pas de frontières.

2022

La COVID-19 apportant toujours avec elle son lot d’incertitudes, Jean St-Pierre estime qu’il est difficile de prévoir à quoi ressemblera 2022. La réouverture de la frontière américaine et la vaccination des 5-11 ans pourraient donner l’envie aux Québécois de visiter leurs voisins du sud. En contrepartie, le prix de l’essence qui atteint des sommets inégalés pourrait refroidir leurs ardeurs, tout comme l’évolution que prendra le nouveau variant Omicron de la COVID-19.

« Pour L’Islet on regarde pour mieux se positionner en définissant davantage notre image en matière de tourisme gourmand et en structurant mieux tout notre volet tourisme créatif qui est un créneau distinctif bien à nous autour de Saint-Jean-Port-Joli. »

Au Kamouraska, Yvonne Tremblay ne s’attend pas à une baisse drastique du nombre de touristes l’été prochain, mais plutôt à une réorganisation des clientèles. La proportion de touristes québécois qui voyageaient habituellement à l’étranger risque simplement d’être remplacée par des touristes en provenance de l’international qui attendent eux aussi de quitter leurs pays. La pénurie de main-d’œuvre et l’effet domino qu’il provoque auprès des entreprises touristiques et selon elle la principale préoccupation à avoir pour l’an prochain.