Incompréhension est certainement le mot qui colle le mieux à la sortie du syndicat des employés de l’usine Alstom à La Pocatière au sujet du contrat du tramway de Québec, de l’avis du député de Côte-du-Sud Mathieu Rivest et du maire de La Pocatière Vincent Bérubé. La multinationale assure de son côté que son usine pocatoise sera plus qu’utilisée pour la réalisation de ce contrat.
« C’est la majeure partie du contrat », s’exclame le député de Côte-du-Sud Mathieu Rivest. La veille, il a entendu la même nouvelle que tout le monde : Alstom ne ferait que l’assemblage du tramway de Québec à son usine de La Pocatière, et le reste (les composantes) serait réalisé dans un de ses sites mexicains. « Ce ne sont pas les informations que j’avais, et ce n’est pas non plus ce que l’entreprise m’a mentionné, hier en fin de journée », plaide le député qui a reçu la visite du directeur de l’usine de La Pocatière, Jean-François Arnaud, directement à Québec le 25 avril.
La vice-présidente des communications Amériques pour Alstom, Michelle Stein, confirme les informations de Mathieu Rivest : La Pocatière sera responsable de l’habillage des sous-ensembles majeurs, de l’érection de caisse, de l’habillage intérieur et extérieur des caisses, et des essais statiques et dynamiques. Autrement dit, un peu plus que le « simple assemblage » des composantes. Mathieu Rivest et Alstom stipulent même que le contenu local minimum de 25 % — le maximum que peut exiger le gouvernement du Québec selon les accords de commerce international — serait dépassé. « On m’a confirmé qu’on ne sait même pas si ça serait le Mexique qui ferait le reste », poursuit Mathieu Rivest.
Vision différente
Le maire de La Pocatière Vincent Bérubé ne pouvait être plus heureux de la signature du contrat du tramway entre Alstom et la Ville de Québec, mais tout comme le député provincial, sa lecture de la sortie du syndicat ne correspond pas aux discussions qu’il a eues avec Alstom au sujet de sa vision de l’usine de La Pocatière. « Ce que je comprends de mes rencontres avec Alstom et de son positionnement, c’est qu’elle travaille pour avoir une usine pérenne à La Pocatière, au-delà d’un contrat d’une trentaine de rames de tramway. Le paradigme a changé par rapport à l’époque Bombardier », a-t-il indiqué.
Par le passé, l’usine de La Pocatière vivait d’un contrat à l’autre. Lors de pics de production, les embauches étaient massives, au même titre que les mises à pied lors des ralentissements. Vincent Bérubé croit que cette ère est révolue, et pour le mieux. « Économiquement, j’adorerais qu’Alstom embauche 500 personnes supplémentaires dans l’usine avec un contrat fait entièrement à La Pocatière, mais est-ce réaliste dans le contexte actuel de pénurie de main-d’œuvre? Des employés qui n’ont pas à craindre pour leurs jobs, car elles sont stables, à mon avis, c’est tout aussi payant sur le long terme. »
Un peu plus de 400 personnes travaillent actuellement à l’usine Alstom de La Pocatière. « Le projet du tramway de Québec occupera environ 115 employés, pour un effectif total du site autour de 450 personnes, en tenant compte de la fin des livraisons d’autres projets », écrit Michelle Stein.
Lorsque le gouvernement du Québec a accordé un prêt pardonnable de 56 M$ en mars 2021 à Alstom, « une centaine d’employés gravitait dans l’usine », rappelle Mathieu Rivest. La multinationale s’engageait alors à maintenir 400 emplois à ses installations de La Pocatière d’ici 2026, et 350 pour la période 2026-2029. Cet engagement a été tenu depuis deux ans, et le sera encore dans le futur selon le député de Côte-du-Sud, alors que le travail sur le tramway de Québec devrait débuter en décembre 2025 à l’usine de La Pocatière.