La Ville de La Pocatière a adopté une résolution rejetant le redécoupage des circonscriptions électorales fédérales dans l’Est-du-Québec, dont celle de Montmagny–L’Islet–Kamouraska–Rivière-du-Loup à laquelle elle appartient. Pour le député fédéral de ladite circonscription, Bernard Généreux, ces résolutions adoptées actuellement dans plusieurs municipalités bas-laurentiennes arrivent beaucoup trop tard.
Le redécoupage électoral est un exercice tenu à chaque recensement décennal pour refléter les changements et les mouvements de population au Canada. Dans le cadre de l’exercice actuel, la Chambre des communes doit passer de 338 à 343 députés. Ces futurs députés seront associés à de nouvelles circonscriptions qui feront leur apparition principalement en Ontario et dans l’ouest du pays, là où la population a augmenté de façon plus importante.
Au Québec, où la population a augmenté de façon moins prononcée, le nombre de députés demeurera à 78. Un redécoupage électoral s’impose toutefois afin de refléter l’augmentation de la population dans la région de Montréal, où une nouvelle circonscription fera son apparition dans la couronne. Par conséquent, la circonscription d’Avignon–La Mitis–Matane–Matapédia qui comptait 70 255 habitants en 2021, une population d’environ 30 % sous la moyenne provinciale des autres comtés fédéraux, disparaîtra. Cette disparition occasionne un redécoupage de l’Est-du-Québec, entraînant dans son sillage la circonscription de Montmagny–L’Islet–Kamouraska–Rivière-du-Loup à laquelle la MRC de Témiscouata sera ajoutée. « On sera à 80 municipalités pour une superficie d’environ 11 500 km2 et une population d’un peu plus de 115 000 personnes », résume Bernard Généreux.
Le député de Montmagny–L’Islet–Kamouraska–Rivière-du-Loup est d’avis qu’il sera « humainement » impossible d’offrir une représentation juste et équitable à tous les électeurs de ce futur comté. Il avait fait valoir cet argument auprès des commissaires responsables du redécoupage électoral, lors de leur audience tenue à Rivière-du-Loup le 9 septembre dernier. Sylvain Roy, préfet de la MRC de Kamouraska, s’était aussi fait entendre à cette occasion. « Le débat n’a pas soulevé les passions », reconnaît aujourd’hui Bernard Généreux.
Du moins jusqu’à la décision récente de la Commission de délimitation des circonscriptions électorales fédérales pour le Québec qui, le 1er février dernier, a suggéré le maintien de la proposition faite précédemment avec la disparition d’Avignon–La Mitis–Matane–Matapédia et l’ajout de Témiscouata à Montmagny–L’Islet–Kamouraska–Rivière-du-Loup. Depuis, des résolutions sont adoptées par différentes municipalités de l’Est-du-Québec pour s’opposer à ce redécoupage, dont La Pocatière lors de sa séance régulière du 7 mars 2023. « C’est trop peu, trop tard », a indiqué au Placoteux Bernard Généreux, qui a apparenté toute cette démarche initiée par la Table régionale des élu(e)s municipaux du Bas-Saint-Laurent (TREMBSL) à du « brouhaha ».
« Les changements majeurs n’arriveront pas. Ça fait trois fois que la Commission tente de supprimer Avignon–La Mitis–Matane–Matapédia; ce n’était qu’une question de temps. La TREMBSL a mis beaucoup d’efforts pour maintenir le statu quo, mais il aurait été intéressant qu’elle présente plutôt une solution aux commissaires », ajoute-t-il.
Changements mineurs
Les changements auxquels s’attend maintenant Bernard Généreux seront « mineurs ». Le nom, à titre d’exemple, pourrait être modifié. La mouture initiale proposée, Montmagny–Témiscouata–Kataskomiq, devait refléter l’ajout de la MRC de Témiscouata, et permettre une meilleure représentation de la réalité autochtone à travers le toponyme Kataskomiq, associé au territoire historique de la Première Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk (Malécites de Viger). Bernard Généreux a plutôt proposé aux commissaires Côte-du-Sud–Rivière-du-Loup–Kataskomiq–Témiscouata, Côte-du-Sud étant historiquement associé à Montmagny, L’Islet et Kamouraska, en plus d’être le nom du comté provincial de ces trois MRC. « Les commissaires auront le dernier mot sur le nom. S’ils n’acceptent pas ma proposition, il faudra un projet de loi privé à la Chambre des communes pour le faire entériner. »
Bernard Généreux indique que les conclusions finales quant au redécoupage électoral et à la validation des noms seront connues en septembre prochain. La nouvelle carte électorale sera en vigueur dès mars 2024. Si des élections fédérales avaient lieu avant cette date, la carte électorale actuelle prévaudrait.