Un air de Provence dans le Mississipi

Geronimo Bouchard et Dahlia Milon. Photo : Maxime Paradis.

Le rang du Mississipi, à Saint-Germain, n’avait déjà rien à envier aux autres par son sillon sinueux entre deux cabourons qui en fait depuis toujours un des plus photogéniques du Kamouraska. Depuis peu, la route se drape d’un air provençal par l’apparition de la culture de la lavande et de plantes servant à la conception de teintures végétales.

On est encore loin du plateau de Valensole et le vent dominant qui souffle sur le Mississipi n’a pas la même direction ni la vigueur du mistral, mais l’évasion, aussi subtile soit-elle pour le moment, vaut bien une impression de Provence à cette époque où les voyages ne sont plus chose commune. Il faut aussi dire que par la culture de leurs plantes, Dahlia Milon et Geronimo Bouchard ont le souci que leurs champs deviennent un plaisir visuel pour quiconque circulera à proximité.

« Je rêve de monter à 4000, peut-être même 5000 plants, si le marché est au rendez-vous. On est quand même limite pour faire pousser ça dans la région », reconnaît Geronimo Bouchard, derrière la culture de la lavande anglaise qu’il commercialise pour une première année sous le nom de Jardin du petit pays.

Polyvalente, cette variété de lavande peut autant être utilisée pour la cuisine, en huile essentielle ou dans une approche médicinale. Pour le moment, 500 plants ont été plantés sur le versant nord du Mississipi, dont 200 ont produit pour la première fois cette année. L’an prochain, les 300 autres fleuriront à leur tour. Si tout se passe bien et que la demande est là, il pense à développer une aire de pique-nique sur le site avec boutique, pourvu que le tout demeure à « échelle humaine ».

« J’ai choisi la lavande, car peu de gens en font et que c’est vivace. Un plant a une durée de vie d’environ dix ans et ce n’est pas très demandant non plus à entretenir », poursuit-il.

Teintures végétales

Dahlia Milon, elle, s’est toutefois lancée dans une culture fort différente de celle de son conjoint. Cette diplômée en Métiers d’art du Centre de textiles contemporains de Montréal cultive en parallèle diverses plantes servant à la conception de teintures végétales depuis quatre ans et qui demandent beaucoup plus d’investissement en temps.

« Ça fait 14 ans que je suis le domaine du textile et le gros défi est de rendre ce milieu-là plus bio et équitable. Les jeunes créateurs ont de plus en plus cette préoccupation-là et moi je me suis dit que c’est comme ça que je pouvais les aider, en cultivant des plantes qui servent à la création de teintures végétales », explique-t-elle.

Ainsi, Dahlia s’est mise à cultiver d’abord l’indigo, culture relativement rare au Canada et dont l’intensité du bleu des feuilles s’approche pratiquement du violet. La gaude, la garance et d’autres variétés de plantes complètent sa production. Ce vaste spectre de couleurs sert à la vente brute ou à la production de balles de laine et d’écharpes en soie qu’elle écoule sur sa boutique en ligne Etsy, Dahlia Milon Textile.

À travers sa production, elle offre des ateliers à des enfants et à monsieur et madame Tout-le-Monde qu’elle initie à l’usage des teintures végétales et aux différentes possibilités créatives qu’elles offrent. Tout comme Geronimo, son souhait est d’augmenter sa production afin de répondre à cette demande encore émergente au Québec pour la teinture végétale, mais déjà plus en vogue en Europe et aux États-Unis.

« C’est tout aussi valorisant de faire de l’agriculture qui n’est pas nécessairement alimentaire. Ça permet de mettre de l’avant des productions qui ne sont pas trop connues et de diversifier les usages du sol dans la région », conclut Dahlia.