L’année 2022-2023 aura été une année difficile pour le journal Le Placoteux. Non seulement une crise des médias a secoué l’entièreté du pays, mais plusieurs changements à l’interne ont également eu lieu. Qu’à cela ne tienne, la situation financière de la coopérative demeure excellente, et l’avenir est prometteur.
Réunis le mercredi 28 février dans les bureaux du Placoteux à Saint-Pascal, les sociétaires ont ainsi eu l’heure juste concernant leur journal. La sortie de la crise covidienne ne s’étant pas faite sans heurt, les revenus publicitaires n’ont malheureusement pas été au rendez-vous, ce qui se solde par un déficit d’exploitation de 91 274 $ au terme de la dernière année financière conclue le 30 juin 2023. Malgré tout, les finances demeurent excellentes, puisque l’actif de la coopérative se situe à près de 1 M$.
« Comme je l’avais prédit lors de la dernière AGA, cette année financière a été la plus difficile sur le plan économique depuis que je suis en poste en 2017. Est-ce qu’on assiste à un désaveu de notre hebdomadaire comme véhicule publicitaire pour les entreprises de notre région? Pas du tout! Avant cet AGA, j’ai fait beaucoup de vérifications pour tâter le pouls de différents directeurs d’hebdos avec qui je parle régulièrement, et nous vivons tous la même problématique, et ce, pour les mêmes raisons », a déclaré Louis Turbide, directeur général du journal Le Placoteux.
La sortie de pandémie aura en effet été très difficile pour plusieurs entreprises, tant sur le plan économique que sur le plan de l’approvisionnement des biens à vendre à leur clientèle. Alors que le marché de l’automobile représentait la plus importante part de revenus publicitaires pour les hebdos du Québec, ces derniers ont vu leur cour se dégarnir de véhicules neufs, au point où ils n’avaient rien à annoncer.
Bien que cette situation soit en train de se transformer depuis le début de l’année 2024, le spectre d’une récession économique, jumelé à une hausse vertigineuse des taux d’intérêt, ainsi qu’à la date butoir pour le remboursement intégral des prêts COVID — ou pour une entente de remboursement mensuel — ont diminué les budgets publicitaires des entreprises, en plus de ralentir les achats des consommateurs dont la capacité de dépenser a diminué.
« C’est donc dans ce contexte qu’on a vu nos ventes locales diminuer de 11 % par rapport à l’an dernier. Lors de mes discussions avec d’autres gestionnaires d’hebdos, ils m’ont confié avoir vécu des baisses de revenus de leurs ventes locales qui variaient entre 10 et 22 %. Au niveau des ventes nationales, c’est une baisse drastique de 69 % à laquelle nous avons assisté, dûe en grande partie à la fin des revenus publicitaires COVID qui avaient fait grimper ce type de revenu de façon temporaire au cours des deux années précédentes », a ajouté M. Turbide.
Contrôle des dépenses
Ayant prédit il y a plus d’un an cette baisse importante des revenus pour cet exercice financier, la direction du Placoteux n’est pas pour autant restée les bras croisés, en œuvrant précisément pour mieux contrôler les dépenses de la coopérative.
« Nous avons débuté par fermer notre bureau de La Pocatière, à la suite du départ à la retraite de notre représentant publicitaire Pierre Dumais. Cette décision a permis de faire économiser à l’entreprise environ 7000 $ annuellement. Enfin, puisque le bail de notre local à Saint-Pascal arrivait à échéance, et que nos besoins avaient changé à cause de la hausse de popularité du télétravail, il a été jugé opportun de déménager dans un local plus petit et adapté à nos besoins. Cette décision a impliqué un investissement en améliorations locatives de 50 000 $, mais avec une baisse du coût du loyer de 16 000 $ par année. L’exercice en valait vraiment la peine. Je tiens à préciser qu’aucun dépassement de coût n’a eu lieu dans ce projet », a ajouté Louis Turbide.
Lors de la même période, une demande de subvention pour une refonte majeure du site internet, en lien avec le visuel et les fonctionnalités, a été acceptée après des mois d’attente. Ce projet a entre autres permis de mettre en place un nouveau produit, le balado Trêves de placotage. Toutefois, le boycottage du partage des nouvelles par Facebook, qui est toujours en cours, a énormément compliqué ce projet qui est sur le point de se déployer avantageusement avec une nouvelle application.
Il y a eu aussi au cours de cette période un changement de plan d’impression, à la suite de la fermeture de l’imprimerie de Québecor à Québec. Maintenant imprimé à Mirabel, Le Placoteux bénéficie désormais de presses ultramodernes permettant de faire des journaux de 28 et de 36 pages aux mêmes conditions.
Enfin, avec la fin du Publisac l’automne dernier, l’année financière 2023-2024 sera tout aussi mouvementée que la précédente, mais l’hebdomadaire devrait tout de même se rapprocher de l’équilibre budgétaire, selon son directeur général.
Du changement à l’interne
En plus du départ à la retraite d’un de leurs vendeurs, en l’occurrence Pierre Dumais, le journal a également perdu, juste un peu avant la période des fêtes 2022, les services de sa directrice de l’information, Stéphanie Gendron. Après un premier essai infructueux, un nouveau journaliste qui répond aux attentes de la coopérative a été trouvé. Malheureusement, l’annonce récente du départ du rédacteur en chef, Maxime Paradis, pousse Le Placoteux à chercher une autre ressource journalistique.
Côté financier, la coopérative a décidé de créer un portefeuille de placements, afin de maximiser ses liquidités. Le projet de diversification de revenus avec le magazine 100 % Chasse Pêche a aussi continué de croître, et les bases ayant été établies sont de plus en plus solides, ce qui augure bien pour l’avenir.
Ainsi, selon les prévisions de la direction, le magazine devrait commencer à engendrer des profits lors de l’année trois de son existence. Même si cela n’est pas survenu au cours de l’année financière concernée, ce projet a valu au journal le prix Innovation lors du dernier gala de la Chambre de commerce Kamouraska-L’Islet.
« Même si je n’ai pas mis en lumière tous les dossiers traités lors de cette année financière, comme vous le constatez à la lecture de ce résumé, votre journal n’a pas fait du sur place. Il s’adapte, il se questionne, gère de façon responsable et anticipe l’avenir, tout cela dans le but de se donner les moyens de demeurer la référence en information dans notre région », a conclu Louis Turbide.