Elle a reçu une fin de non-recevoir de la part de Mgr Pierre Goudreault, mais « sa quête » n’est pas terminée pour autant. Mme Ginette Jetté de Saint-Pacôme, anciennement agente de pastorale, souhaite être ordonnée diacre, bien que ce ministère n’ait encore été conféré à aucune femme laïque au sein de l’Église catholique. Elle se tourne maintenant vers le pape François 1er afin qu’il réponde positivement à « l’appel » qu’elle a reçu.
Ginette Jetté est retraitée depuis trois ans. Elle a été auparavant agente de pastorale durant 15 ans au sein du diocèse de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, en plus de cumuler diverses fonctions à l’Université Laval, notamment au sein de la Faculté de théologie et de sciences religieuses. Elle dispose d’ailleurs d’un baccalauréat et d’une maîtrise en théologie.
À la suite de l’ordination comme diacre de M. Alphée Pelletier de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, Mme Jetté mentionne avoir eu à son tour « l’appel » de Dieu pour accomplir la même tâche, mais à titre de femme laïque, ce qui n’est pas encore permis dans l’Église catholique.
Après avoir consulté près d’une vingtaine de prêtres, trois évêques, huit agentes de pastorales et sept diacres, qui se seraient majoritairement montrés favorables à l’idée, Mme Jetté a entrepris d’écrire à l’évêque du diocèse de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, Mgr Pierre Goudreault, afin d’avoir « la permission d’entreprendre [des] études accélérées pour [son] cheminement vers le diaconat permanent ».
« J’aimerais être ordonnée dans l’année 2024 », peut-on lire dans la lettre dont Le Placoteux a obtenu copie.
Sans surprise, Mgr Goudreault n’a pu donner suite à la demande de Ginette Jetté, « bien que le diaconat féminin ait existé au début de l’Église », a-t-il reconnu.
Le 12 mai 2016, un article de l’Agence France-Presse paru dans La Presse mentionnait que le pape François ouvrait la voie à l’ordination de femmes diacres, à la suite d’une réunion à huis clos avec plus d’une centaine de religieuses ayant demandé la création d’une commission pour étudier cette question. Or, « jusqu’à présent, le diaconat féminin n’a pas encore été restauré », a ajouté Mgr Goudreault, qui a demandé à Mme Jetté d’être « patiente quant aux délais actuels pour la restauration du diaconat féminin ».
Poursuivre « sa quête »
Loin de se laisser abattre, Ginette Jetté se tourne maintenant vers le pape pour faire entendre « sa quête », citant au passage les paroles du classique de Jacques Brel. Le 16 mai, elle confirme lui avoir envoyé une lettre qui doit transiter par les mains de représentants de l’Église catholique en Ontario, par courrier recommandé.
Alors que les prêtres se font de plus en plus rares, et qu’ils ont déjà à leur charge plusieurs paroisses, elle estime que des femmes ordonnées diacres pourraient très bien venir « en renfort », puisque la fonction permet notamment de célébrer des mariages et des baptêmes, en plus d’agir en concertation avec le curé dans la vie de la paroisse.
Elle rappelle au passage qu’avant l’ordination récente d’Alphée Pelletier, quinze ans s’étaient écoulés au sein du diocèse de Sainte-Anne-de-la-Pocatière sans qu’un diacre soit ordonné.
« Mgr Goudreault ne peut pas désobéir à son supérieur. Je vais donc envoyer la même chose [lettre] à Rome », a-t-elle déclaré.
Poussée par Jésus-Christ et par l’œuvre de Marcelle Mallet, religieuse fondatrice des Sœurs de la Charité de Québec et reconnue vénérable par l’Église catholique, Ginette Jetté souhaite inspirer d’autres femmes à faire de même. Dans sa lettre adressée à Mgr Goudreault, elle évoque trois autres personnes désireuses d’être consacrées au diaconat permanent, une dame nommée Sylvie Lévesque qui disposerait de toute la formation demandée, et deux autres jeunes femmes qui tiennent à l’anonymat en raison de « leur statut en Église ».
« Si j’ai une réponse négative du pape, mon appel ne disparaîtra pas, et ma quête ne s’arrêtera pas pour autant. Je vais continuer autrement mes démarches, pour toutes les femmes qui aspirent à la même chose que moi », conclut-elle.