Bien que l’UNESCO reconnaisse et protège le patrimoine immatériel à travers des conventions internationales, en mettant l’accent sur son importance pour l’identité culturelle des communautés et la diversité culturelle à l’échelle mondiale, ledit patrimoine immatériel semble se perdre de plus en plus dans un Québec qui tend à oublier ses origines. Pourtant, dans la MRC de L’Islet, subsiste une femme de cœur au parcours atypique qui s’est donné comme objectif de participer à sa façon à la sauvegarde du patrimoine immatériel ayant jalonné notre histoire. Mélanie Bélanger met désormais sa passion au service de sa mission.
Cadette d’une famille de trois enfants, Mélanie Bélanger, née à la fin des années 70, a été élevée sur une ferme à Saint-Pamphile. Comme pratiquement tous les jeunes de la région, elle grandit avec la religion catholique en trame de fond, tout en ayant l’occasion à maintes reprises de célébrer le temps des fêtes dans la musique folklorique, dans une atmosphère traditionnelle et familiale. Cette époque l’a marquée fortement, puisqu’elle s’est déroulée dans la simplicité. D’ailleurs, son grand-père paternel vivait dans la même maison qu’elle, mais dans le loyer au rez-de-chaussée, ce qui ancra davantage Mélanie dans ses racines canadiennes-françaises.
« Ma réalité était bien différente de celle des jeunes d’aujourd’hui car à l’époque, pour nous amuser, nous n’avions pas de cellulaires, et les jeux vidéo étaient quasi inexistants. Le luxe était également moins abondant qu’aujourd’hui, bien que cet aspect n’ait jamais été important pour moi! Je m’amusais avec les vaches de notre ferme, en mettant sur pied des spectacles de chant et des pièces de théâtre. Les vaches y jouaient un certain rôle, ou elles étaient tout simplement mes spectatrices. J’avoue que je possédais une imagination fertile, mais je présume que j’ai toujours eu le côté artistique très développé. Je composais même des poèmes, une passion que j’ai encore aujourd’hui. Par contre, à l’école, j’étais beaucoup moins extravertie », raconte-t-elle en riant.
Son parcours
Ce côté artistique marqué la fit s’inscrire au Cégep François-Xavier Garneau à Sainte-Foy, en Design intérieur. « Je me suis vite rendu compte que la vie dans le secteur de la capitale nationale n’était pas celle de ma région. Toutefois, cette formation m’a permis ensuite d’aller travailler au Centre de rénovation Camille Dumais à Saint-Pascal. Bien que j’aie aimé le côté artistique de cet emploi, je me suis lassée, car je n’avais pas l’impression de me réaliser. Mais je suis toutefois tombée en amour avec notre majestueux fleuve Saint-Laurent et la senteur d’algues qu’il dégageait », ajoute-t-elle.
Cherchant à sortir de sa zone de confort, Mélanie Bélanger part travailler au Nouveau-Brunswick pendant six mois dans un hôtel de prestige, mais au bas de l’échelle, comme femme de ménage. Souhaitant également apprendre l’anglais, elle ira vivre six autres mois en Nouvelle-Écosse où elle travaille dans une boutique. Elle fait ensuite un baccalauréat en Sciences de l’orientation, ce qui la mène à travailler au Service de l’éducation des adultes et de la formation professionnelle de la Commission scolaire de la Beauce-Etchemin. Elle obtient ensuite rapidement le mandat de coordonner le développement international, afin notamment d’aider les entreprises locales à pourvoir des postes vacants en raison de la pénurie de main-d’œuvre.
Cet emploi lui donne la chance de voyager à plusieurs endroits dans le monde, dont la vieille France, où elle reconnecte plus profondément avec ses racines. Certains aspects de son travail lui permirent aussi de prendre davantage conscience de l’importance de garder contact avec le passé, afin de connaître la direction du présent; un présent qu’elle souhaitait davantage consacrer à ses passions profondes, qui l’appelaient comme un écho lointain s’intensifiant…
Ne se sentant plus à la place dans ce rôle, Mélanie Bélanger, qui avait suivi à temps partiel des études supérieures de deuxième cycle en art-thérapie, plaqua cet emploi qui pourtant lui permettait de voyager, avec un bon salaire et certains autres avantages. Suivant son intuition, et ce, contre toute logique classique, elle partit ensuite en voilier sur l’océan Atlantique avec son amoureux du moment. Il s’agira pour elle d’une expérience inoubliable. « Ce voyage m’a permis de me reconnecter plus profondément avec mon essence. Par contre, même la splendeur de l’océan Atlantique n’égalait pas le fleuve Saint-Laurent », se rappelle la principale intéressée.
La passion au service de la mission
Désormais revenue à Saint-Pamphile, Mélanie Bélanger s’est laissé guider par la Providence, et s’est trouvé un emploi à la Médiathèque L’Héritage de L’Islet-Sud comme chargée de projet. Son bureau est situé dans l’église de Sainte-Perpétue, où l’idée de la Médiathèque a été mise sur pied afin d’assurer la survie de ce bâtiment patrimonial témoignant, dit-on, « du passé des bâtisseurs de ce coin de pays ».
« Malheureusement, à bien des égards, les jeunes générations sont déconnectées de l’histoire culturelle et musicale liée à notre passé commun, et prenant ses origines en France, en Irlande, et également chez les Premières Nations, et plus précisément dans nos racines canadiennes-françaises. C’est pourquoi j’ai mis sur pied des initiations aux chants du patrimoine culturel québécois pour les adultes et les aînés. Je peux par exemple faire apprendre une chanson de Marcel Martel, en faisant redécouvrir par des explications son origine, et les raisons qui ont poussé l’auteur à écrire cette œuvre qui a marqué le cœur de générations de Québécois. Je peux commencer par Michel Louvain, en passant par les Classels, pour me rendre finalement dans le répertoire du patrimoine musical plus traditionnel, comme À la claire fontaine pour les enfants de 6 à 10 ans », explique-t-elle les yeux brillants, elle qui possède une voix remarquable.
Changer le monde un sourire à la fois
En plus d’avoir fait des études en art-thérapie, combinant des éléments de psychologie à la pratique artistique — ce qui la résume bien —, elle a aussi fait des études en biologie totale, en phytothérapie holistique et en médecine alternative. Elle possède également des cours en communication pleine conscience, et est consultante en développement personnel.
Femme aux multiples talents artistiques, Mélanie Bélanger anime aussi l’émission Défi relevé sur maCommunauté TELUS, diffusée partout aux abonnés OPTIK TÉLÉ. Il s’agit d’une émission mettant en vedette des gens du grand public qui racontent leur histoire dans le cadre d’un défi de taille, comme un saut en parachute ou la traversée de l’Atlantique, pour ne nommer que ces deux exemples.
« Je suis passionnée par la nature humaine, par l’art sous toutes ses formes, et par ses bienfaits sur le mieux-être de l’humain. Je souhaite ainsi éveiller, par mes compétences et ma vraie nature, l’énergie créatrice permettant d’accéder à la joie profonde se trouvant en nous tous. En somme, j’apporte ma contribution à bâtir un monde meilleur, un sourire à la fois », conclut-elle avec, bien évidemment, le sourire.