L’adoption de la première politique régionale en habitation du Kamouraska marque un tournant pour les citoyens et les municipalités confrontés à une pénurie de logements. Portée par une vaste mobilisation, la politique propose une vision inclusive d’ici 2035, avec des actions concrètes pour loger dignement toutes les clientèles, y compris les plus vulnérables.
« Ce qu’on présente aujourd’hui, c’est vraiment le résultat d’un long travail collectif, basé sur des données précises et sur une mobilisation régionale exceptionnelle », explique Nancy Fortin, chargée de projet en habitation à la MRC de Kamouraska. Elle a piloté l’élaboration de cette politique, appuyée par un comité de travail multidisciplinaire.
C’est à l’automne 2024, lors d’une journée de réflexion qui a rassemblé plus de 70 partenaires, élus, organismes, et représentants gouvernementaux, que les orientations et les actions de la politique ont été consolidées. « Cette journée-là a vraiment été le cœur de la démarche », dit Mme Fortin. Depuis, un comité régional en habitation (CRHK) veille à la mise en œuvre d’un plan d’action de cinq ans, dont les résultats seront évalués en 2030.
Trois grandes orientations structurent cette politique : partager un leadership en habitation, augmenter l’offre et la diversité de logements, et répondre aux besoins des personnes en situation de vulnérabilité. Le préfet Sylvain Roy rappelle que la réflexion a débuté dès mars 2022. « Il fallait se donner les bons outils dès le départ, pour qu’en bout de ligne ça fonctionne », affirme-t-il.
Le diagnostic est clair. Selon Statistique Canada, 15,5 % seulement du parc immobilier sont locatifs, et environ 1335 ménages vivent dans des logements non acceptables. « Le manque de logements adaptés à la réalité des ménages, particulièrement pour les familles immigrantes ou les personnes à faible revenu, freine notre développement », précise M. Roy.
Nouvelles habitations
La MRC mise notamment sur les 371 terrains vacants identifiés dans les périmètres urbains pour permettre la construction rapide de nouvelles habitations. « Si on réussit à créer un fonds régional pour soutenir les projets communautaires, on va être capables d’en construire », croit Mme Fortin, qui travaille aussi à établir des liens avec les institutions financières pour obtenir des taux préférentiels ou des prêts plus souples.
Un service d’aide à la recherche de logement, une veille stratégique sur les programmes de financement, une meilleure diffusion de l’information sur les droits des locataires, et l’exploration de nouvelles formes d’habitation comme les maisons intergénérationnelles sont aussi au menu. « L’action la plus importante, c’est la mobilisation, insiste Mme Fortin. Il faut que tout le monde soit au courant, pas juste les élus. Les citoyens aussi doivent comprendre les enjeux, et savoir qu’ils ont un rôle à jouer. »
De son côté, M. Roy souligne que plusieurs municipalités ont déjà adapté leur schéma d’aménagement pour faciliter la construction. « Il y avait des choses qui ne pouvaient pas se faire à cause de la réglementation. On a assoupli tout ça pour que ça devienne possible. Il fallait ouvrir le jeu. »
La MRC mise sur une approche adaptée aux réalités locales. « Il y a de la volonté partout, mais les moyens sont limités. Cette politique donne un cadre, une vision et des leviers concrets pour avancer », conclut Mme Fortin.
Les prochaines années seront déterminantes. La MRC promet de suivre les actions de près, et d’ajuster le plan d’action en 2030, en fonction des résultats.
