La maladie de Parkinson est désormais officiellement reconnue comme maladie professionnelle liée à l’exposition aux pesticides. Cette décision est saluée par les groupes de défense, à commencer par Victimes des pesticides du Québec (VPQ), qui y voient un tournant majeur pour les travailleurs du secteur agricole.
« C’est une étape importante pour moi, mais ce n’est pas une fin », déclare Serge Boily, président de VPQ, dont le propre dossier a été au cœur de cette reconnaissance. Diagnostiqué en 2019, il aura fallu plus de cinq ans à M. Boily pour obtenir gain de cause devant la CNESST, malgré l’inscription de la maladie de Parkinson à la liste des affections présumées professionnelles depuis 2021.
Le parcours a été semé d’embûches : neurologue en désaccord avec le lien entre l’exposition et la maladie, changement répété d’agent à la CNESST, contre-expertises contestées, et délais de plus de 60 mois. L’indemnisation obtenue comprend un montant forfaitaire et un remplacement de revenu jusqu’à l’âge de 68 ans, mais au-delà de ce dédommagement, M. Boily souhaite alerter sur l’iniquité des traitements entre dossiers similaires. « Aucune ligne directrice claire, aucun souci d’uniformité. C’est une autre injustice qu’on impose à ceux qui ont déjà tout donné pour leur travail », dénonce-t-il.
Au Bas-Saint-Laurent
Son témoignage s’ajoute à ceux, désormais bien documentés, d’agriculteurs du Bas-Saint-Laurent comme Jacques Lemieux, Claude Rivard et Gilbert Rioux, dont les histoires avaient été révélées en 2018 dans l’émission La Semaine verte de Radio-Canada. Tous trois producteurs laitiers, ils ont vu leur vie basculer après des décennies d’exposition à des substances comme la roténone, le parathion ou le maneb, encore autorisées au Canada malgré leur interdiction ailleurs dans le monde.
Pour Pascal Priori, cofondateur de VPQ, il est impératif d’élargir la liste des maladies reconnues, et d’instaurer un fonds d’aide pour les victimes. Même son de cloche du côté de Félix Lapan de l’Union des travailleuses et travailleurs accidentés ou malades : « Le fardeau de preuve imposé est démesuré. Une réclamation sur deux est rejetée. »
L’enjeu dépasse le seul cas de Parkinson. Plusieurs pathologies comme le lymphome non hodgkinien, le myélome multiple ou certains cancers sont reconnues ailleurs, mais pas encore ici. Pour Thomas Bastien, directeur de l’Association pour la santé publique du Québec, l’État doit investir davantage en prévention. « Les pesticides sont un facteur de risque bien documenté. Pourtant, le Canada continue d’autoriser des substances bannies dans plus de 160 pays. »