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« Si l’école peut recommencer! »

La rentrée scolaire se poursuit cette semaine dans Kamouraska-L’Islet. Photo : Ivan Aleksic (Unsplash.com)

… disaient nos mères, excédées de nous avoir dans les jambes. Il n’y avait pas de camps de vacances, ni de camps de jour, ni de garderies dans le temps : on vivait et travaillait avec la famille.

Mais dans la société technologique moderne, l’apprentissage est devenu l’occupation première des jeunes, et l’éducation, une des grandes missions de l’État. L’éducation et la science sont désormais les clés de la survie et de la réussite.

Je suis toujours impressionné de voir tous ces enfants et ces jeunes reprendre le chemin de l’école dans les autobus jaunes. C’est un dur métier pour eux et pour leurs éducateurs. Les apprentissages à maîtriser sont de plus en plus complexes et exigeants : apprendre à lire, à écrire et à compter, bien sûr, mais aussi à communiquer, à socialiser, à penser, à s’exprimer, à comprendre le monde et la société dans laquelle on vit, à devenir responsable, choisir un métier et s’y préparer.

La vie n’est pas un rêve ni un jeu

Or, cette génération d’enfants-rois est souvent mal préparée à affronter les difficultés de l’école et de la vie. Rivés à leurs écrans, les enfants d’aujourd’hui vivent un peu dans un monde fictif.

Ils sont surprotégés par leurs parents, trop occupés souvent, et prêts à tout pour leur éviter les frustrations et leur permettre de réaliser leurs rêves.

Ils sont plus éveillés intellectuellement que nous l’étions, mais peut-être moins débrouillards. Le dur contact avec la réalité, les obstacles, la violence, la compétition, l’effort, l’autorité, la sexualité, le travail génèrent chez plusieurs de l’angoisse, de la détresse psychologique, et même des troubles sérieux de comportement.

Le monde qui s’ouvre à eux prend facilement l’allure d’une guerre psychologique et d’une catastrophe planétaire. À cela, il faut ajouter les soubresauts de leur vie familiale en continuelle recomposition. Bref, nos enfants sont désormais soumis à des pressions énormes à l’école.

Un réseau d’éducation débordé

Finalement, c’est notre réseau d’éducation lui-même qui est débordé, dépassé même. Les écoles sont vétustes.

Les disparités entre l’école publique et les écoles privées ou spécialisées ne cessent de s’accroître. Les professeurs, de plus en plus rares, sont épuisés et dépassés par les problèmes de comportement, et par le manque de soutien de la part des autorités et des parents.

Le nombre d’élèves qui présentent des troubles d’apprentissage ou de comportement ne cesse d’augmenter, mais le manque de ressources pour y faire face est généralisé.

L’école au cœur de la communauté

Le proverbe qui dit qu’« il faut tout un village pour éduquer un enfant » n’a jamais été aussi vrai. Il ne faut pas abandonner nos enfants à l’école : l’école ne peut y arriver seule. C’est toute la société québécoise et la communauté locale qui doivent prendre soin de nos enfants, et leur permettre de prendre leur place dans la société québécoise et le monde d’aujourd’hui.

L’école publique doit demeurer la colonne vertébrale de notre réseau scolaire. Dans les régions moins peuplées, il faut maintenir une école primaire au cœur du village, pour que les jeunes enfants grandissent au milieu de leur communauté, et puissent être pris en charge par toute la communauté.

On apprenait récemment que le petit village d’Esprit-Saint (340 habitants), dans la région de Rimouski-Neigette, risquait de perdre son école, parce qu’il manquait cette année un enfant pour respecter la norme de 24 fixée par les autorités. C’est absurde!

Dans mon village de Saint-Germain-de-Kamouraska (295 habitants), il n’y a plus d’école primaire depuis les années soixante. Nos enfants vont maintenant à l’école de Kamouraska.

Mais grâce à l’attraction qu’a su exercer notre village sur les jeunes couples qui viennent s’établir en campagne (23 nouveaux enfants en deux ans), la petite école de Kamouraska aura maintenant une classe complète de première année et une classe de maternelle quatre ans. Bravo!