Affiche de Marto et ses Ti-Pauvres. Photo tirée de Facebook.

Des organismes communautaires du Bas-Saint-Laurent ont fait parvenir une lettre à l’animateur radio Marto Napoli, de son vrai nom Martin Castonguay, originaire de Saint-Alexandre, pour remettre en question le nom de sa collecte des fêtes « Marto et ses ti-pauvres » qu’il organise depuis des années.

Les signataires, dont la Corporation de développement communautaire (CDC) du Kamouraska, l’Association de défense des droits sociaux (ADDS) du Kamouraska et des représentantes du CISSS du Bas-Saint-Laurent, jugent le nom de la collecte potentiellement insultante pour les « personnes en situation de pauvreté ».

D’abord sous le choc, le principal intéressé a voulu tout arrêter, avant de revenir sur sa décision. La lettre a suscité diverses réactions, la plupart négatives, dont celle-ci.

Marto et ses ti-pauvres

Il y a 22 ans, dans une station de radio où rien ne semblait impossible, j’ai assisté à la création d’une magnifique folie, avec un gars qui a n’a de limites que sa bonté. Avec quelques collègues, ce gars-là a ramassé quelques paquets de bacon, des dindes, des jouets, des bonbons. Une douce folie d’adolescents attardés qui a créé un peu de bonheur, et qui est devenue une des principales levées de fonds et de matériel au Québec.

Je me souviens du visage des gens de la Saint-Vincent-de-Paul quand ils ont été porter tout ça, juste à temps pour les paniers de Noël. Les responsables de la SVDP avaient eu une phrase qui résonne encore dans ma tête « On reçoit jamais des choses comme ça, ça va mettre des sourires vraiment heureux ».

Pendant 21 ans, ce sont des millions de dollars en bouffe, jouets, des sommes importantes qui ont été distribuées pour du simple bonheur.

Il y a 10 dirigeants d’organismes qui disent venir en aide aux plus démunis de notre société, qui ont passé des mois à se réunir et à préparer une lettre qui relève du mépris le plus total de ce qui a été fait depuis 21 ans.

Mathieu Gorman, co-coordinateur de la Corporation de développement communautaire des Grandes Marées, Véronique Dumouchel, du CISSS BSL, Sophie Bolduc, du programme Tournesol, Renée Dumouchel, de l’Association coopérative d’économie familiale du Grand-Portage, Christian Dubé, de l’Association de défense des droits sociaux du Kamouraska, Fanny Pilon, du Regroupement des assistées sociales et assistés sociaux du Témiscouata, Michel Dubé, de l’Action populaire Rimouski-Neigette, Marie-Soleil Boucher et Maude Pichereau, du CISSS BSL, et Mélanie Dumont, de la Corporation de développement communautaire du Kamouraska, qui vous a mandatés, dans une période où cette collecte est plus nécessaire que jamais, de vous attaquer à cette institution caritative? Vous êtes au service de la société, votre devoir est de faire en sorte que les plus démunis de notre société reçoivent plus.

Lutte aux préjugés? Je vais vous dire qui étaient les ti-pauvres il y a 22 ans… Les ti-pauvres, il y a 22 ans, c’étaient Martin Castonguay, Vincent Cauchon et René Arthur, qui avaient des salaires de crève-faim, qui se défonçaient pour donner du bonheur à plus pauvres qu’eux, sans AUCUN moyen.

Vous voulez savoir pourquoi Martin Castonguay, alias Marto, est devenu ce qu’il est aujourd’hui? C’est parce qu’il vient de chez vous, parce qu’il a les valeurs de votre région, parce qu’il sait ce que c’est, être pauvre pour vrai.

Votre lettre est d’un tel mépris que je peine à croire que vous ayez passé des mois à préparer ça. Vous avez mis des heures à préparer ça, à ruminer votre mépris nourri par une folie bien pensante. Vous n’aviez rien de plus important à faire?

Vous parlez du poids des mots, alors je vais vous parler des vôtres. J’ai vécu la pauvreté. J’ai vécu le plaisir de faire du pain le dimanche parce qu’on n’avait pas les moyens de l’acheter. En vous attaquant à Marto et à ses ti-pauvres, vous déshonorez chacun de vos organismes, et pire, vous manquez de respect à chaque donateur, chaque personne, chaque entreprise qui ont, dans les 21 dernières années, participés à amener le bonheur à des endroits où il est absent trop souvent.

Je vous invite à relire le monologue du Bonheur, d’Yvon Deschamps, parce que le bonheur, il vient quand on est prêt à l’accueillir. Et avec cette lettre, vous l’avez-vous-même chassé.

Frédéric Gamache, ancien Ti-Pauvre et aujourd’hui entrepreneur

Président FredGamache.com

Directeur du développement AzimutPOS et 46 Degrés Nord, studio de développement