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2025 : le roi Trump et le prophète Elon

Photo : Katie Moum – Unsplash

Point n’est besoin de chercher longtemps pour deviner ce qui va nous préoccuper au cours de la prochaine année. Une tornade mondiale va toucher terre le 20 janvier avec l’entrée en fonction du nouveau président des États-Unis, Donald Trump, et de son mentor Elon Musk.

À la tête du pays, de l’économie et de l’armée les plus puissants du monde, Trump ne cache pas son intention d’intervenir partout à sa guise comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, et son nouveau mentor, Elon, se fait partout le prophète d’un monde nouveau où le privé, la richesse, les robots et la fuite en avant dans l’espace remplaceront la providence et la justice de l’État. Nous entrons ouvertement dans une ère d’apocalypse et de science-fiction dans laquelle l’idée même de démocratie, de solidarité et de justice sociale semble s’estomper.

Principales cibles menacées

La première cible touchée sera la lutte déjà fragile contre le réchauffement du climat, et contre la dégradation de l’environnement résultant d’une croissance illimitée et irresponsable de la production et de la consommation. Les États-Unis sont le pays qui émet le plus de GES par habitant (18 tonnes). Or Trump ne croit qu’au pétrole, Musk se prépare à fuir sur Mars, et les deux n’en ont que pour le capitalisme sauvage sur terre, dans les mers et dans les airs. Tout l’effort mondial pour contrer la crise environnementale risque d’être saboté impunément.

La seconde cible sera l’État-providence et la démocratie. On est tous d’accord qu’il y a souvent trop d’État, surtout trop d’État dirigiste. Mais de là à laisser libre cours à ceux qui exploitent à leur profit le bien collectif, sans donner droit de parole au peuple et sans assurer un minimum d’égalité sociale, il y a un fossé, et c’est celui de la dictature des riches. Les Américains sont déjà un des peuples où les inégalités sociales sont les plus grandes, et le filet social le plus mince. On peut craindre pour eux, mais le modèle états-unien risque de miner encore davantage les modèles sociodémocrates ailleurs dans le monde. Déjà, les partis d’extrême droite sont en progrès partout.

Une troisième cible concerne la solidarité entre les peuples. Pour Trump, c’est l’Amérique d’abord. Certes, le libre-échange s’est souvent fait au détriment des peuples pauvres. Mais Trump est prêt à saborder brutalement la solidarité mondiale en reniant les ententes de libre-échange et les organismes internationaux, en imposant des tarifs assassins aux produits étrangers, en fermant ses frontières à l’immigration sans discernement, en abandonnant à eux-mêmes les peuples livrés à la convoitise des États totalitaires. En un mot, la loi du plus fort.

Une quatrième cible qui est dans la mire de Trump et de ses troupes conservatrices regroupe un ensemble de valeurs et d’institutions essentielles à nos libertés démocratiques : l’indépendance du système de justice et des réseaux d’information, l’autorité de la science, le droit des femmes et des minorités sexuelles et culturelles. Déjà, on voit proliférer au grand jour les propos racistes, les théories du complot, les faits alternatifs, les croyances religieuses rétrogrades, les lois antiavortement, les discours masculinistes, et le contrôle des masses par les algorithmes.

Capitalisme, extractivisme, absolutisme, isolationnisme, conservatisme à outrance : voilà ce à quoi il faut s’attendre après le 20 janvier. Les images qui nous viennent en tête sont bibliques : le Chaos, l’Apocalypse, le Déluge, la tour de Babel, et pour le prophète Elon, Élisée montant au ciel dans un char de feu!

Il faut faire face à la tempête!