Saint-Gabriel-Lalemant est déjà reconnu pour ses pommetiers en fleurs au printemps, mais très peu de gens savent que quelques semaines après que leurs pétales se soient envolés, une oasis de pivoines prend le relais. Et comble du spectacle, ce paradis floral est accessible à tous pour l’autocueillette.
La Pivoinerie du Kamouraska est probablement le secret le mieux gardé du Haut-Pays. Son premier champ ouvert à l’autocueillette l’est seulement depuis deux ans, alors que la Pivoinerie a débuté en 2016. Les deux autres cultivés respectivement en 2017 et 2018 sont ouverts au public depuis 2020 et 2021.
La passionnée derrière cet impressionnant aménagement d’environ 6000 plants provenant d’une centaine de variétés différentes n’est nulle autre que Louise Lévesque, ancienne aide à domicile du CLSC Les Aboiteaux, retraitée depuis 2015. Si pour leur retraite certains rêvent d’opérer un gîte, de sillonner l’Amérique du Nord à bord d’un véhicule récréatif ou de passer six mois par année dans un condo en Floride, d’aussi loin qu’elle se rappelle, Louise s’est toujours vue couler ses vieux jours entre les rangs d’une pivoinerie.
Son amour pour cette fleur injustement dans l’ombre de la rose remonte à sa tendre enfance. Elle se souvient du terrain de son grand-père Oliva Bouchard à Saint-Onésime-d’Ixworth qui regorgeait à l’époque de pommiers, d’hydrangées, et bien sûr, de pivoines.
« La simple vision des fleurs, sentir leur odeur, suffisaient pour nous emporter. La pivoine, c’est aussi la fleur de nos grands-parents et de nos parents. Il y en a beaucoup de mots d’amour qui se sont dits avec ces fleurs-là, à une certaine époque », raconte-t-elle.
En prévision de sa retraite, Louise avait donc commencé par aménager un jardin de fleurs à sa mère il y a quelques années. Après le décès de son mari, elle s’est finalement décidée à aller de l’avant avec la pivoinerie. Elle possédait les terres pour le faire et déjà une bonne partie de l’équipement et de l’outillage nécessaires.
Ses quatre enfants et sa sœur Johanne l’ont aidé à démarrer et l’aident toujours à entretenir les champs de pivoines qui s’étendent sur une terre de 5000 hectares de l’avenue de la Rivière Ouest à Saint-Gabriel-Lalemant. Son chien Léo, qui a moins d’un an, est le dernier compagnon qui s’est depuis ajouté et qui s’amuse à la suivre au pas de course lorsqu’elle se promène dans les champs en tracteur.
« Au plus fort de la saison, on se lève tôt et on peut cueillir jusqu’à 17 h, voire même 18 h le soir. On va souper et ensuite on retourne au champ. C’est un gros coup à donner avant d’avoir un bon mois de répit. Ensuite, on reprend pour désherber et couper les fleurs restantes. On fait tout à la main, il n’y a rien de mécanique. »
Autocueillette
Une bonne partie des pivoines cueillies par Louise sont vendues à deux grossistes de Québec et à l’encan à Montréal. Le marché des fleuristes étant moins friand de la fleur, qui a une durée de vie plus limitée en vase, Louise a développé l’autocueillette en complémentarité avec sa clientèle d’encanteurs et de grossistes.
« J’ai commencé il y a deux ans, quand mon premier champ a atteint sa maturité. Les gens peuvent passer le temps qu’ils veulent et pique-niquer. Ils sont très respectueux et ils font très attention lors de la taille. Ils se composent des bouquets que je vends 1 $ la tige », résume-t-elle.
Cette année, la chaleur printanière a toutefois devancé la saison de Louise d’environ deux semaines. Au moment de notre passage le 29 juin, elle en était déjà à ses derniers jours d’autocueillette. Le spectacle dans les champs n’était pas moins impressionnant pour autant.