Le gouvernement du Québec a annoncé en grande pompe un nouvel assouplissement permettant la levée du seuil de revenu maximal pour la location de logements vacants dans les HLM de la province. Si la nouvelle est bien accueillie à l’Office d’habitation du Kamouraska Est, elle risque toutefois d’avoir peu d’impact si une souplesse supplémentaire n’est pas apportée à la mesure.
Les HLM sont des loyers s’adressant à des ménages à faibles budgets où le coût de celui-ci n’excède jamais 25 % de leurs revenus totaux. Dans la région, ces logements sont offerts par le biais des Offices d’habitation (OH), entre autres celui du Kamouraska Est qui regroupe depuis le 1er janvier 2019 les anciens offices municipaux de Kamouraska, Mont-Carmel, Saint-Alexandre-de-Kamouraska, Saint-Pascal, Saint-Philippe-de-Néri et Sainte-Hélène-de-Kamouraska.
Dans un contexte d’un nombre croissant de logements vacants, des pressions ont été exercées ces deux dernières années auprès de la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation Andrée Laforest, notamment par le Regroupement des offices d’habitation du Québec, afin que des assouplissements dans les critères d’admissibilité, essentiellement financiers, soient appliqués. Le seuil de revenu maximal, par exemple, qui était établi à 21 000 $ jusqu’à l’an dernier, a été rehaussé à 27 000 $.
Malgré cet assouplissement, plusieurs unités locatives demeurent toujours vides, surtout en région. En mai dernier, on évoquait le chiffre de 700 HLM toujours vacants à travers le Québec. En date du 26 août 2021, la Société d’habitation du Québec (SHQ) recensait cette fois 280 logements répartis dans certaines régions de la province. « Le 27 000 $ était une belle avancée, mais il n’a pas permis dans notre cas de louer tous nos logements vides », indique Dominique Bard, directrice générale de l’Office d’habitation (OH) du Kamouraska Est.
19 des 110 logements de l’OH sont actuellement vacants. Ceux-ci s’adressent en plus à des gens âgés de 50 ans et plus, une clientèle avec laquelle l’organisation se dit très à l’aise, mais qui limite en partie le spectre de la location. À titre comparatif, au moment du regroupement des offices municipaux, entre trois et quatre logements seulement étaiexnt vacants. « 19 logements, c’est plus de 17 % de nos unités qui sont inoccupées », précise Dominique Bard.
La directrice générale de l’Office d’habitation du Kamouraska Est explique ce taux d’inoccupation particulièrement élevé par les revenus trop élevés des demandeurs, ce qui n’a rien à avoir avec la qualité des logements. Les locataires se doivent aussi d’être en bonne santé physique puisqu’il n’y a pas de services rattachés aux immeubles. La perte d’autonomie et l’éloignement des services de proximité de certains de ces immeubles de l’OH du Kamouraska Est seront donc souvent à l’origine du déménagement des locataires.
« Mont-Carmel, par exemple, est la municipalité où l’on enregistre notre plus haut taux de vacances, à cause de cette absence de services de proximité recherchés par cette clientèle plus âgée », mentionne Dominique Bard.
Avec le nouvel assouplissement annoncé par la ministre Laforest le 26 janvier et qui prévoit la levée du seuil de revenu maximal, l’OH du Kamouraska Est croit qu’il serait certainement plus facile de louer les logements vacants restant, si la mesure n’était pas accompagnée de la condition que ceux-ci doivent être libres depuis plus de deux ans. « On attend encore des précisions de la Société d’habitation du Québec (SHQ) à cet effet, mais si l’obligation des deux ans demeure, pour nous, on parle de seulement trois logements sur les 19 qu’on pourrait rendre disponibles à la location. »
Kamouraska-Ouest
Du côté de La Pocatière, Saint-Pacôme et Saint-Gabriel-Lalemant, la directrice générale des trois OMH Odile Soucy avouait que ce nouvel assouplissement aurait probablement peu d’impact. À La Pocatière, tous les logements sont actuellement occupés et une personne se trouve sur la liste d’attente, alors qu’à Saint-Pacôme et Saint-Gabriel-Lalemant, il y a un logement de vacant dans chacun des offices. « Il y a beaucoup de pauvreté, donc le seuil de revenu maximal n’est pas une restriction qui affecte le taux d’occupation de notre côté. »