La qualité de l’eau des puits artésiens est souvent source de préoccupations pour les propriétaires privés qui peuvent se sentir livrés à eux-mêmes quand il s’agit d’en faire l’analyse et le traitement. Ce constat est aujourd’hui à l’origine d’un projet-pilote en développement dans la région de Chaudière-Appalaches et qui doit se déployer, entre autres, dans la Municipalité de L’Islet.
Troubles gastriques ou de santé, malaises éprouvés à l’automne ou lors de la fonte des neiges au printemps, les problèmes liés à une eau de piètre qualité puisée à même la nappe phréatique par un propriétaire privé sont nombreux. La plupart du temps, ces effets indésirables sont occasionnés par la présence de bactéries dans l’eau, la plus fréquente étant les coliformes fécaux.
Selon François Lajoie, directeur général de l’OBV de la Côte-du-Sud, différents éléments peuvent influer sur la présence de ces bactéries au sein des puits : la proximité du champ d’épuration ou des installations septiques, parfois l’épandage en milieu agricole ou un puits mal sellé qui se retrouve contaminé par les eaux de surface lors de la fonte des neiges printanières. Une analyse régulière de l’eau du puits permet souvent de déceler ces problématiques et d’y remédier par traitement.
« Malheureusement, ce qu’on constate, c’est que les gens ne font pas nécessairement l’analyse de l’eau de leurs puits sur une base régulière, car le gouvernement ne l’impose plus. L’autre élément est qu’on dispose aussi de peu d’informations quant au nombre de puits qui pourraient être problématiques, car les données disponibles par les propriétaires ne sont pas nécessairement partagées avec les différences instances reconnues », poursuit-il.
Avec le projet-pilote Mon eau, mon puits, ma santé, l’OBV de la Côte-du-Sud, le ministère de l’Environnement — qui finance l’initiative —, l’UQAR, le Centre de recherche interdisciplinaire sur la santé et les services sociaux pour les populations rurales (CIRUSSS) et le Comité de bassin de la rivière Chaudière (COBARIC) souhaitent bien sûr en savoir davantage sur la qualité de l’eau des puits artésiens, mais principalement outiller les propriétaires qui en disposent. Les municipalités participantes en Chaudière-Appalaches sont Saint-Gédéon-de-Beauce, Saint-Évariste-de-Forsyth, Notre-Dame-du-Sacré-Cœur-d’Issoudun et L’Islet, sur la Côte-du-Sud.
Prévu dès l’automne 2022, le projet-pilote se terminerait en mars 2023. À L’Islet, l’ensemble des résidences qui ne sont pas reliées au réseau d’aqueduc municipal seront visées, l’équivalent de 312 puits privés, incluant également des puits de fermes. D’autres, non répertoriés, pourraient aussi s’ajouter.
« L’objectif est d’abord d’informer les citoyens qu’il y a un site internet que nous sommes à développer et qui rassemblera un ensemble d’informations sur les puits artésiens. Ensuite, ils pourront contacter la Municipalité pour avoir accès à une trousse d’échantillonnage pour leurs puits », résume François Lajoie.
Un guide questions-réponses en lien avec les principales préoccupations des citoyens fait aussi partie de la démarche. Si l’entreprise vise d’abord à assurer une eau de qualité aux familles de Chaudière-Appalaches, les résultats obtenus dans le cadre de ce projet-pilote doivent permettre de formuler des recommandations pour le déploiement de projets similaires ailleurs au Québec.