Le CDBQ toujours dans l’attente d’une aide au fonctionnement

Le CDBQ à Sainte-Anne-de-la-Pocatière. Photo : Maxime Paradis.

Les temps ont déjà été meilleurs au Centre de développement bioalimentaire du Québec (CDBQ). Une restructuration des activités orchestrée au cours des deux dernières années a permis d’apporter de l’air à l’organisation, mais l’enjeu de financement récurrent demeure. Le président Rosaire Ouellet souhaite même en faire un enjeu électoral.

L’argent est le nerf de la guerre, c’est bien connu. L’adage s’applique aussi en recherche et développement. Le CDBQ se démarque à ce chapitre dans le domaine de la transformation agroalimentaire depuis plus de 25 ans, mais les dernières années ont compliqué les opérations.

D’une part, le maintien de troupeaux ovins et porcins où des projets de recherches qui devaient être subventionnés ne se sont jamais concrétisés explique cette situation, en plus de la COVID-19, qui au début de la pandémie a mis un frein aux projets en transformation alimentaire réalisés pour le compte d’entreprises privées. « Depuis que les entreprises se sont mises à reprendre leurs projets et avec les aides financières gouvernementales qui ont été offertes par les gouvernements en lien avec la pandémie, on n’est pas dans le luxe, mais on vire mieux », a indiqué Rosaire Ouellet.

Le CDBQ a aussi adopté un plan de relance de ses activités à la fin 2020 et regarde maintenant à réorganiser son secteur de la recherche agronomique qui le distingue, mais qui est de plus en plus difficile à soutenir. « Ce n’est pas de gaieté de cœur qu’on a entrepris ce virage et ce n’est pas qu’on ne veut plus en faire non plus, mais on n’a plus les reins assez solides pour justifier le maintien d’une main-d’œuvre qualifiée à l’année pour faire ça. Si on avait du financement récurrent, ça serait différent. Autrement, on va devoir travailler avec davantage de partenaires », explique le président.

Aide au fonctionnement

Une aide au fonctionnement récurrente, ce que chérit le CDBQ depuis un bon moment, aiderait certainement l’organisation à poursuivre ce volet en recherche et développement l’esprit tranquille. Il y a près de deux ans, l’organisation a d’ailleurs redoublé d’efforts et multiplié les appuis politiques à l’échelle régionale afin de donner du poids à une demande en ce sens acheminée depuis au ministère de l’Économie et de l’Innovation (MEI).

Du côté du ministère, le responsable des relations médias Jean-Pierre D’Auteuil confirme que le dossier est en analyse, ce qui justifie qu’il ne peut le commenter publiquement. Au bureau de Marie-Eve Proulx, la directrice Julie Roy réaffirme cette analyse et assure que la députée de Côte-du-Sud est en contact constant avec le MEI à ce sujet. Le dossier, qualifié de « complexe », aurait même été porté à l’attention du MAPAQ, écrit-elle.

« Mme Proulx cherche également activement d’autres avenues pour soutenir ce centre qui est une valeur ajoutée indéniable pour notre région. Il rejoint la vision de la députée de faire de la région un pôle d’innovation agroalimentaire pour tout le Québec », poursuit Julie Roy.

Enjeu électoral ?

Pendant ce temps, les mois passent et le CDBQ, lui, s’impatiente. À l’approche des élections provinciales, Rosaire Ouellet ne cache pas que cette question du financement récurrent pourrait faire l’objet d’une demande dans le cadre de la prochaine campagne électorale. « M. Legault sème à tout rompre partout avec ses politiques en innovation. Il pourrait venir semer ici également », a-t-il déclaré.

Comme le rappelle le président, la situation actuelle défavorise grandement son organisation. Même si le centre a un taux de succès de 100 % lorsqu’il dépose des demandes de financement pour la recherche agronomique, l’absence d’aide au fonctionnement l’oblige à assumer entièrement les frais des ressources humaines qui procéderont à la rédaction des projets jusqu’à l’obtention de la subvention, ce qui n’est pas le cas des autres centres de recherche au Québec financés par le provincial sur une base récurrente.

« Il y a aussi les centres de recherche associés à des cégeps ou des universités qui ont accès à des étudiants qui peuvent travailler pour eux. Malgré le fait qu’on part avec deux prises aux bâtons, on réussit quand même à tirer notre épingle du jeu, à recruter des chercheurs, des techniciens et les payer. Mais pour la rétention de main-d’œuvre, ça ne demeure pas idéal. »