L’histoire de la circonscription électorale de Kamouraska au XIXe siècle est plutôt houleuse. Comment l’expliquer ? Les mœurs politiques sont particulières à l’époque et on assiste à de véritables batailles de coqs entre les candidats.
On se rappellera que l’élection de novembre 1854 dans Kamouraska a été annulée en raison de certains actes de violence et de falsification de vote. Le candidat Jean-Charles Chapais (1811-1885) s’opposait à Luc Letellier de Saint-Just (1820-1881). Aux élections provinciales d’août-septembre 1867, Chapais, député de Kamouraska depuis 1855, affronte cette fois-ci Charles-Antoine-Pantaléon Pelletier (1837-1911). Déterminé à gagner, ce natif de Rivière-Ouelle se lie au parti conservateur qui a de solides assises dans le comté. Le député Chapais se prépare donc à une chaude lutte électorale.
Dès le mois d’août, les attaques et les insinuations fusent de toutes parts. La désinformation s’installe et les journaux quotidiens y contribuent. Par exemple, on raconte que le curé de Sainte-Anne aurait versé du plomb fondu sur la tête de Chapais. Le jour de la votation, les partisans de Pelletier, en désaccord avec l’officier rapporteur sur les règles des élections dans les municipalités, se ruent sur lui. Cela provoque une émeute. Protégé par les partisans de Chapais et menacé d’être noyé, l’officier rapporteur barricade sa résidence. Mais un groupe de partisans de Pelletier réussissent à la saccager. En raison de ce désordre, l’élection fut annulée. C’est ce que l’on rapporte dans les journaux. Lors de l’élection partielle du 17 février 1869, Pelletier sera finalement élu.
Cette émeute a fait couler beaucoup d’encre. Lors de l’élection, un auteur anonyme composa la chanson politique Un samedi à Kamouraska. Teintée de sarcasme, celle-ci se moque du candidat Pelletier et de la cabale qu’il a faite dans le comté. Ayant déjà été publiée dans la Gazette des campagnes (12 janvier 1950), cette pièce d’anthologie témoigne des mœurs politiques que l’on pouvait trouver sur la Côte-du-Sud.