Planter, pour le plaisir de voir fleurir

Luc Généreux inspecte les premières pommes apparues dans ses pommiers. Photo : Maxime Paradis.

Francine Darveau et Luc Généreux auraient pu se trouver un projet de retraite beaucoup moins ambitieux. Le couple qui a passé sa vie dans le domaine de l’hôtellerie a plutôt choisi de se tourner vers l’horticulture. Mais oubliez ici les petites platebandes de maison, c’est un terrain de près de 400 000 pi2 qu’ils ont pratiquement tout aménagé en l’espace d’une année, avec pour seul plaisir de voir l’ensemble fleurir durant tout l’été.

Francine et Luc ont appelé leur petit paradis L’ensablée, une ferme de fleurs. Le nom est un clin d’œil au sous-sol de leur terre et à la route qui la longe, le chemin des Sables à Sainte-Anne-de-la-Pocatière.

Cette petite route sinueuse, parfaite pour les balades du dimanche en voiture, le couple l’avait empruntée il y a quelques années avec la mère de Luc, un peu avant qu’elle ne décède. La terre était à vendre et elle l’avait pointé à son fils en lui suggérant de l’acheter. Deux autres personnes étaient alors intéressées, avait signifié le vendeur. Le projet est tombé à l’eau jusqu’à ce que Francine et Luc repassent devant cette même terre deux ans plus tard pour constater qu’elle n’avait toujours pas été vendue. Cette fois, le couple n’a pas laissé passer sa chance.

« Tout s’est enchaîné rapidement. On venait de vendre notre motel (Motel Loupi) à Rivière-du-Loup et c’était clair pour les acheteurs qu’il serait démoli. On avait donc prévu le coup en mettant plusieurs exclusions dans la vente, comme les plantes. On a fait 120 voyages de matériel végétal qui représentent l’équivalent de neuf années de plantations. Une vraie opération de sauvetage », s’est exclamé Luc Généreux.

D’autres végétaux ont ensuite été ajoutés, le tout planté en permaculture sous recommandation de Guy Langlais, ancien enseignant à l’ITA aujourd’hui retraité, qui par le passé avait déjà été propriétaire de cette même terre. 60 pommiers, 300 framboisiers, 400 plants de lavande, autant de variétés de vivaces, 1000 fraisiers et un nombre incalculable de mûriers, rosiers, vignes, argousiers, saules, thuyas, tournesols et cèdres, pour ne nommer que ceux-là, ont ainsi été plantés en l’espace d’un an sur cette terre de 10,3 ar.

Pour la beauté

Alors que certaines espèces d’arbustes fruitiers ou de vivaces sont déjà à maturité, Luc Généreux assure que sa conjointe et lui n’ont aucune intention de tirer un quelconque profit monétaire de leur investissement. « On a fait ça pour la beauté, pour le plaisir de voir tout ça fleurir. Aujourd’hui, on a de la visite, de la famille et des amis. Des voisins sont aussi venus ramasser des fraises, on ne charge pas cher, mais ce n’est pas ça le but. Et pas question non plus qu’on s’annonce en bordure du chemin. »

L’entretien de ce petit jardin d’Éden demande aussi un certain temps, mais le couple de retraités qui voit cette besogne comme une passion plus qu’un travail ne s’en fait pas outre mesure. Comme ils ont passé leur vie à voyager, sans parler du fait qu’ils ont déjà habité à l’étranger, ils font aujourd’hui le choix de poser leurs valises et de se consacrer à ce projet. « La décision est encore plus facile après tout ce qui s’est passé depuis deux ans et encore aujourd’hui dans les aéroports », ajoute en riant Luc Généreux.

Le 27 juin, Francine et Luc célébraient leur 41e anniversaire de mariage. Ils sont arrivés à temps pour le coucher de soleil qu’ils ont contemplé de la terrasse qui donne une vue à couper le souffle sur L’ensablée. Avec pareil décor, qui a encore besoin d’évasion ?