200 000 $ pour améliorer la production de farine au moulin de la Seigneurie

André Anglehart devant une partie de la machinerie installée dans le grenier du moulin banal. Photo : Maxime Paradis

À peine la nouvelle roue du moulin banal de la Seigneurie des Aulnaies installée que déjà la Corporation touristique responsable de la gestion du site procède à de nouveaux investissements majeurs. 200 000 $ sont actuellement investis dans un projet d’amélioration des installations du moulin afin de faciliter la production de farine par le meunier.

Environ 80 % du travail a été effectué, et le spécialiste chargé des tests est attendu sous peu pour réorienter la production. Ces améliorations des installations du moulin banal arrivent à point pour la Corporation touristique de la Seigneurie des Aulnaies. Au plus fort de la pandémie, la demande pour sa farine biologique et faite de façon artisanale à partir de grains locaux a explosé de 30 %, selon le directeur général André Anglehart. « Tout le monde s’est mis à faire du pain à la maison », rappelle-t-il. Depuis, cette hausse de la demande s’est stabilisée autour de 10 %, comme c’était le cas avant la pandémie.

Quant à la main-d’œuvre, la Seigneurie savait qu’elle était déjà fragile, avant même que le mot pénurie soit sur toutes les lèvres, le métier de meunier étant particulièrement exigeant. Réjean Labbé, qui a fait tourner le moulin durant plus de 35 ans, a d’ailleurs quitté le navire en 2021. Il a depuis été remplacé par Steve Beaulieu. « C’est un travail difficile. On est un centre d’interprétation de la vie seigneuriale, donc la farine est faite de la même façon qu’au début de la colonie, à partir de nos meules de pierre. Et avec la désignation de la meunerie artisanale comme élément du patrimoine immatériel, on a un devoir de perpétuer ce savoir-faire », ajoute André Anglehart.

Reste qu’un petit coup de main de la modernité ne fait pas de tort afin d’améliorer les conditions de travail du meunier, dans la mesure où celui-ci se fait dans le respect du patrimoine. Les investissements en cours de réalisation visent essentiellement cet objectif, en misant sur trois aspects : le transport, le contrôle de la qualité et l’ensachage. Un branle-bas de combat s’est donc engagé dans les derniers mois pour installer la machinerie nécessaire pour concrétiser ces orientations. Le tout a été réalisé dans le respect du patrimoine architectural du moulin banal de la Seigneurie des Aulnaies, les travaux bénéficiant notamment du sceau d’approbation du ministère de la Culture et des Communications. À terme, très peu de traces visuelles devraient subsister de ces travaux aux yeux des visiteurs.

« La grosse amélioration est dans le transport de la farine qui ne se fera plus par un élévateur ou par l’escalier, mais par aspiration. La farine continue d’être produite sur meule de pierre, mais on intègre un meilleur contrôle qualité et un meilleur tamisage afin d’avoir une constance dans notre production. L’ensachage, de beaucoup amélioré, va aussi permettre au meunier de moins forcer sur les poches de farine », résume le directeur de la Seigneurie.

Soutien financier

Ces travaux, l’achat de la machinerie faite sur mesure en Turquie, et les services du spécialiste venu de France pour procéder à ces améliorations font grimper la facture à 200 000 $ pour la Seigneurie des Aulnaies. La Corporation en assume l’équivalent de 30 %, alors que le reste est soutenu financièrement par le MAPAQ par le biais de son programme Transformation alimentaire : robotisation et systèmes de qualité, et par le Fonds de développement territorial et économique de la MRC de L’Islet.

Franc, André Anglehart ne s’attend pas à une augmentation exponentielle de la production au moulin à la suite de ces améliorations. Il reconnaît néanmoins que de meilleurs procédés assureront une production plus constante de la farine, et conséquemment des revenus supplémentaires. « À la base, l’objectif est d’offrir de meilleures conditions de travail à notre meunier. Où c’était pénible, on a remédié à la situation par l’intégration de ce nouveau système de production. Les revenus de plus que nous allons dégager vont simplement nous permettre de mieux réaliser notre mission de protection, d’animation et de mise en valeur du site patrimonial de la Seigneurie des Aulnaies et du savoir-faire de la meunerie artisanale. »