Le 22 avril, Alphée Pelletier a été ordonné diacre permanent du diocèse de Saint-Anne-de-la-Pocatière. Il s’agit de la première fois depuis quinze ans que quelqu’un y reçoit ce titre. Pour l’homme de foi, autrement agriculteur, c’est le début d’une nouvelle étape de sa vie. Il se laisse guider par la « force qui chapeaute l’Univers, celle de l’amour ».
Il y a environ cinq ans, un diacre lui aurait lancé « tu devrais devenir diacre ». Cette suggestion a semé une graine dans l’esprit d’Alphée Pelletier. L’homme marié et grand-père de quelques petits-enfants a donc choisi d’entreprendre la « démarche de la foi » au sein du diaconat. Pendant quatre ans, le diacre en devenir a appris à nourrir sa foi, à mettre en pratique le message de Jésus Christ, mais surtout, à déterminer ses intentions et sa manière d’incarner ce rôle.
Pour Alphée Pelletier, être diacre, c’est être de service. « C’est bien beau dire “aimez-vous les uns les autres”, mais il faut livrer aussi. Quand il y a une veuve qui est seule avec les enfants, il faut que tu l’aides. Quand il y a quelqu’un qui est pauvre, il faut que tu l’aides. »
Historiquement, le rôle des diacres a été d’épauler les prêtres, comme une répartition des tâches entre la transmission du « message de l’amour » et l’action. Le nouveau diacre amène cependant une nuance à ce propos. Ce rôle « n’est pas tant au niveau de ce que tu peux faire, mais plutôt au niveau de l’être. Dans le sens de comment tu vis, comment tu réagis face à certaines choses, comment tu témoignes de ce en quoi tu crois ». Il maintient qu’il « faut rester soi-même ».
Motivation
L’agriculteur attribue à ses petits-enfants la motivation à s’engager auprès du diocèse. « Au cours des 15 à 30 dernières années, dit-il, le message [aimez-vous les uns les autres] a été oublié ». À travers la mise en évidence des erreurs de l’Église, « on n’avait plus le temps ou les mots pour expliquer c’est quoi, ce message-là », s’attriste-t-il. Il ajoute que l’absence prolongée de nouveaux diacres à Sainte-Anne-de-la-Pocatière l’a aussi poussé à entreprendre son nouveau rôle.
Pour être diacre, « ça prend des gens de tous les milieux qui sont capables de parler à des gens de tous les milieux, avec les mots d’aujourd’hui », soutient Alphée Pelletier, soulignant son parcours familial. « Ça prend aussi quelqu’un qui a une certaine expérience de vie […] et qui a le goût de continuer à vivre sa vie. On est diacre là où on est, au moment où on l’est. On ne tombe pas dans un monastère isolé du monde; on est avec le vrai monde, tout le temps. On vit ce que les gens vivent, on essaie de vivre le plus proche possible du commandement de l’amour, mais on est des humains. Il y a des journées où on se trompe, des journées où on fait moins bien ».
Pour passer au travers, le diacre va faire des prières, « mais on n’est pas constamment en prière. On est dans l’action ». Et c’est ça qui caractériserait tous les diacres.
Le message d’amour véhiculé par Alphée Pelletier s’interprète également par la lumière. « Tous les humains, on est comme des petites lumières. Et un jour, il faut transmettre ça à nos enfants et à nos petits-enfants. » Selon le diacre, cette transmission ne peut pas se faire seule, mais il appelle à imaginer le faisceau lumineux qui pourrait être généré en réunissant « tes voisins, tes voisines, tes sœurs, tes frères ». « À chaque fois que tu réussis, tu montres aux jeunes et aux autres que oui, l’amour du monde, ça peut exister. »