Ferme-école Lapokita : Obakir et des étudiants de l’ITAQ vont renaturaliser un ruisseau

Olivier Boudreault travaille à la caractérisation de la décharge du Collège. Photo : Maxime Paradis

L’expérience n’a jamais été tentée jusqu’à maintenant par les partenaires impliqués, mais à terme, on estime que le projet fera école. Un ruisseau de la Ferme-école Lapokita, appelé décharge du Collège, va bénéficier d’une renaturalisation complète au cours des deux prochaines années. Obakir et des étudiants de l’ITAQ mettront conjointement la main à la pâte pour concrétiser cette vision aux résultats bénéfiques anticipés pour l’ensemble de l’écosystème. 

La décharge du Collège est un cours d’eau typique du paysage agricole québécois, qui a bénéficié d’une forme de linéarisation sur pratiquement l’essentiel de son parcours il y a de ça plusieurs décennies.

À l’origine, on estime que ce ruisseau, qui draine des eaux en provenance de la montagne du Collège et de la route 230, avait un parcours beaucoup plus sinueux jusqu’à son embouchure à la rivière Saint-Jean.

Depuis quelques années, différents problèmes ont découlé de ces interventions : apports en phosphore dans l’eau, sédimentation et érosion des berges au premier chef, ce qui est à l’origine d’une demande d’intervention de la Ferme-école Lapokita à l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec (ITAQ), l’automne dernier. Rapidement, l’Organisme de bassins versants de Kamouraska, L’Islet et Rivière-du-Loup (Obakir) a été mis dans le coup. 

« Ce qu’on souhaite faire, c’est redonner “l’espace de liberté” au ruisseau pour qu’il ait un espace d’érodabilité et d’inondabilité adéquat », a résumé Olivier Boudreault, chargé de projet chez Obakir. 

Renaturaliser

La firme Rivières travaille toujours aux plans et devis qui donneront les grandes orientations d’aménagement, mais déjà, Obakir a une bonne idée de ce qui serait souhaitable pour la décharge du Collège : un chenal plus étroit, encadré de part et d’autre par une petite plaine inondable, ce qui permettrait de recréer une certaine forme de sinuosité dans le cours actuel du ruisseau.

En période de crue, le débit d’écoulement serait ainsi ralenti, alors qu’il serait accéléré en temps sec, ce qui est le contraire à l’heure actuelle. 

Ces aménagements seraient réalisés sur l’équivalent d’un kilomètre, soit de l’extrémité ouest de la Ferme-école Lapokita jusqu’au début du périmètre urbain de la ville, à l’est, où la décharge du Collège se retrouve pour ainsi dire canalisée, jusqu’à la rivière Saint-Jean, dans le réseau d’égout pluvial de La Pocatière.

D’autres travaux, comme le recul d’un chemin de ferme afin d’agrandir la bande riveraine de la décharge, sont aussi du nombre des interventions prévues.

Implication étudiante

L’évaluation préliminaire du projet tourne entre 120000 et 130 000 $ selon Hugo Morin, directeur des ressources matérielles, des opérations et des technologies de l’information à l’ITAQ.

Jusqu’à 80 % seront financés par le biais du Programme de soutien régional aux enjeux de l’eau (PSREE) du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs. 

« La beauté du programme, c’est qu’environ 20 % de l’implication globale des travaux peuvent être considérés “en nature”, c’est-à-dire sous forme de contribution non monnayable », a-t-il ajouté. 

Cette portion du projet concernera notamment l’implication de la Ferme-école Lapokita, mais également celle des étudiants du programme de Technologie de la production horticole agroenvironnementale (TPHA).

Ceux-ci auront sous leur responsabilité le reprofilage d’une végétation riveraine composée de plantes herbacées, d’arbustes et d’arbres.

La plantation sera réalisée sous la supervision du Groupe conseil agricole de la Côte-du-Sud, possiblement à l’automne 2024. L’essentiel des travaux est prévu pour sa part dans les mois précédents, pour une réalisation complète du projet au plus tard en janvier 2025. 

Effets bénéfiques

Parmi les effets bénéfiques anticipés par Obakir avec ce projet de renaturalisation, mentionnons une meilleure captation des contaminants dans la plaine inondable, comme le phosphore, l’azote, les nitrites et les nitrates.

Une meilleure gestion des drains agricoles est aussi escomptée, sans oublier le retour d’une certaine faune aviaire, et même de rongeurs au sein de l’écosystème. 

« L’aménagement qui sera réalisé à la décharge du Collège peut devenir en quelque sorte une forme de ruisseau modèle pour les cours d’eau agricoles similaires. Même si chaque milieu est unique, la Ferme-école est endroit tout désigné pour tester ce genre d’intervention, en étant en quelque sorte un point de départ pour la diffusion de l’information à plus grande échelle », a conclu Olivier Boudreault. 

Ce chemin de ferme sera reculé afin d’agrandir la bande riveraine du ruisseau. Photo : Maxime Paradis
Vue de la décharge du Collège vers l’est. Photo : Maxime Paradis
Autre point de vue sur la décharge du Collège. Photo : Maxime Paradis