Les clôtures de perches se retrouvent presque partout sur la Côte-du-Sud. Négligées ou bien entretenues, elles font partie des petits patrimoines et méritent une attention particulière.
Sous le Régime français, les clôtures en pieux de cèdre permettent de dresser les limites des terres. Dès 1665, le Conseil souverain oblige les propriétaires établis le long du fleuve à installer des clôtures à une distance de 36 pieds de la ligne des plus hautes marées du fleuve. Mais les censitaires tardent à se conformer à ces exigences. En 1713, une ordonnance force les habitants de Kamouraska, de la Grande Anse et de Rivière-Ouelle à aménager des chemins, fossés et clôtures sur la devanture de leurs terres. En 1783, une ordonnance les oblige de nouveau à dresser leurs clôtures.
La clôture de perches, qui succède à la clôture de pieux vers la fin des années 1690, est généralement faite de cèdre puisque ce bois résiste aux éléments. Les perches sont installées à l’horizontale, et reposent sur quatre chevilles appuyées à deux pieux à chaque extrémité. Sur la Côte-du-Sud, grâce à l’abondance du cèdre au sud des concessions, les habitants peuvent fixer les limites de leurs terres. Malgré le fait que l’on commence à utiliser des clôtures avec piquets en acier et des fils d’acier après 1910, l’utilisation des piquets de cèdre se poursuit. En 1918, à L’Islet-Station, le coupeur de bois Amédée Langelier se lance même dans la vente de ces piquets, puisqu’ils semblent être toujours recherchés.
Aujourd’hui, plusieurs terres de Saint-Denis, de Kamouraska et de Rivière-Ouelle sont divisées par des clôtures de perches. Certaines ont été récupérées pour être utilisées comme élément décoratif. Ce type d’aménagement, symbolisant la vie rurale sous le Régime français et au 19e siècle, comprend parfois une section de clôture, une vieille brouette ou une ancienne faucheuse.