L’élection partielle dans la circonscription de Jean-Talon n’est toujours pas commencée que, déjà, nous assistons à un Vaudeville avec la saga du candidat péquiste, Pascal Paradis.
En effet, après que le chef du Parti Québécois ait annoncé le 24 août dernier la candidature du juriste, Pascal Paradis, voilà que la Coalition avenir Québec, qui est, selon les sondages, actuellement au coude à coude avec le PQ dans ce comté, a coulé volontairement de l’information voulant que l’avocat ait naguère flirté avec la CAQ. Évidemment, il s’agit ici d’une stratégie visant à miner la crédibilité du candidat péquiste.
Ainsi, selon les informations émanant de La Presse, Paradis aurait demandé, avant l’élection générale de 2022, de se présenter dans une circonscription sûre tout en exigeant de devenir ministre. L’avocat aurait d’ailleurs lui-même entrepris les démarches afin de porter les couleurs de la formation de François Legault en demandant également que le parti lui paie un appartement dans Charlevoix, et ce, pour toute la durée de la précampagne et de la campagne.
Toujours selon les mêmes informations, on aurait du côté de la CAQ refusé de garantir un poste de ministre à Paradis, de sorte que ce dernier ne se serait pas présenté.
Autre son de cloche
La réplique n’a pas tardé du côté du Parti Québécois puisque, selon la version de Pascal Paradis, ce serait la CAQ qui, en 2022, l’aurait approché en lui « faisant miroiter toute sorte de choses », notamment un poste de ministre. Bien que M. Paradis ait écouté les propositions de la CAQ tout en échangeant avec celle-ci sur le sujet, le principal intéressé aurait finalement refusé les offres sur la table.
« Quand le cabinet du premier ministre t’appelle, tu écoutes et tu te demandes : est-ce que ça pourrait être un véhicule pour faire vivre mon engagement? Tu te la poses, la question. Arriver au gouvernement, à la table des ministres. Mais là, il y avait plein de choses qui ne fonctionnaient pas là-dedans et, à la fin, j’ai refusé », a-t-il dit et rapporté par La Presse.
Troisième lien
Mais où le bât blesse, c’est que M. Paradis a révélé que la Coalition avenir Québec avait déjà, avant l’élection de 2022, pris la décision d’abandonner la proposition du troisième lien. Rappelons à juste titre que les députés caquistes sortants et les autres candidats de la grande région de Québec et de Chaudière-Appalaches, avec le premier ministre Legault en tête, ont fait l’entièreté de la campagne — et celle de 2018 — en promettant le troisième lien.
Le sujet du troisième lien, selon Paradis, avait été abordé dans ses pourparlers en raison qu’il était contre cette promesse, ce qui n’aurait visiblement pas dérangé la haute direction de la CAQ, car cette dernière, dit-il, avait l’intention ferme de larguer le projet. « Vous le savez, le troisième lien, ça ne se fera pas, mais on ne parlera pas de ça pendant les élections. Ça va être après », aurait déclaré à Pascal Paradis le chef de cabinet du premier ministre, Martin Koskinen.
Bien entendu, après les déclarations du candidat péquiste, la CAQ a fait une sortie en règle assurant que le représentant du Parti québécois était un menteur et que la Coalition n’avait jamais promis un poste de ministre à Paradis, et ce, tout en précisant que le troisième lien était, et a toujours été, un engagement ferme de la part du gouvernement. Ce serait le dévoilement des études mises à jour en avril dernier qui aurait poussé François Legault à changer le projet pour finalement n’y garder que le volet du transport collectif.
Qui ment?
Dans ce cas bien précis, il y a obligatoirement un des deux camps qui ment. Maintenant, il reste à savoir lequel…
Si la CAQ dit la vérité, la seule conséquence serait que la situation fait passer le candidat péquiste pour un opportuniste/arriviste se magasinant un parti pour être nommé ministre, ce qui pourrait au final favoriser le parti au pouvoir dans cette partielle, expliquant du même souffle les raisons ayant poussé à ce coulage d’information.
Par contre, si les propos de Pascal Paradis s’avéraient, la stratégie caquiste se retournerait contre elle. N’oublions pas que le troisième lien était l’enjeu majeur dans la région de Québec et de Chaudière-Appalaches lors du dernier scrutin provincial et que tous les candidats caquistes l’ont promis et repromis alors qu’il était clair, selon les propos de M. Paradis, que la CAQ savait que le projet serait abandonné après les élections.
Soulignons également que seul le Parti conservateur d’Éric Duhaime s’était positionné en faveur du troisième lien parmi les autres formations politiques. Si la CAQ s’était prononcée contre le projet, plusieurs candidats conservateurs auraient sans l’ombre d’un doute été élus dans la région de Québec et de Chaudière-Appalaches.
Rappelons à cet effet et à juste titre la mince victoire du caquiste Samuel Poulin sur son plus proche rival, le conservateur Jonathan Poulin avec uniquement 428 votes, alors que pour Beauce-Nord, la CAQ n’a devancé que par 202 voix le candidat d’Éric Duhaime.
Évidemment, avec une différence de 8206 voix en Côte-du-Sud entre le caquiste Mathieu Rivest et le conservateur Frédéric Poulin, il va sans dire que l’abandon du troisième lien de la part de la Coalition avenir Québec n’aurait sûrement pas donner la victoire au PCQ chez nous. Par contre, il apparait clair que le PCQ aurait fait son entrée à l’Assemblée nationale, possiblement avec au moins cinq ou six élus, lui octroyant du même souffle une plus grande visibilité nationale avec des bureaux et un budget de fonction.
Le cynisme, encore et toujours
Sachant ainsi que plusieurs personnes de la région de Québec sont frustrées de la volte-face de François Legault sur le troisième lien et, qu’en plus, il aurait sciemment menti à la population sachant d’emblée que le projet ne se concrétiserait pas, il ait fort à parier que cette histoire entourant les révélations de Pascal Paradis pourrait fortement favoriser le Parti québécois dans Jean-Talon.
Le Parti conservateur n’ayant que peu de chance dans ce comté, s’étant classé cinquième à la dernière élection générale avec 10,36 % des voix, il n’est ici pas trop exagéré de penser que plusieurs conservateurs pourraient voter contre la CAQ en appuyant le Parti québécois, sachant que leur parti n’a que peu de chances.
On ne sera ainsi possiblement jamais qui a menti dans cette histoire. Toutefois, la perception faisant foi de tout en politique, il se pourrait que la CAQ, en coulant des informations concernant Pascal Paradis, se soit tirée dans le pied.
Quoi qu’il en soit, il n’y a rien ici dans cette comédie pour atténuer le cynisme ambiant envers la classe politique, mais bien tout le contraire…