La pénurie de logements est criante dans la MRC de L’Islet, et elle force les entreprises du milieu à user d’imagination pour loger, entre autres, leurs travailleurs venus de l’étranger. À Saint-Pamphile, le presbytère de l’endroit a récemment été converti en maison de chambres, dans l’attente que de nouveaux logements soient disponibles.
Le presbytère de Saint-Pamphile n’en est pas à sa première vocation communautaire. Par le passé, le bâtiment a été durant trois ans le site d’une « garderie atypique », ouverte aux jeunes de 0 à 12 ans durant les périodes de la journée où les CPE sont fermés.
Ce projet pilote n’ayant pas été poursuivi à la demande du ministère de la Famille, le presbytère est devenu depuis peu une forme de « chambre en ville » pour les travailleurs étrangers de quelques entreprises de Saint-Pamphile. « Huit travailleurs y résident actuellement, sur une possibilité de douze », a indiqué Dominique Troie, conseillère en ressources humaines chez Matériaux Blanchet à Saint-Pamphile.
L’entreprise qu’elle représente est à l’origine, avec six autres du milieu pamphilien (Maibec, Bois Cargault, Textiles Gauvin, Bois Daaquam, Constructions L’Islet-Sud et Vifranc), du Collectif d’habitation L’Islet-Sud. Cet OBNL a été constitué officiellement en juin dernier, avec pour objectif de construire de nouveaux logements, ou de convertir d’anciens bâtiments en immeubles d’habitation pour loger des travailleurs étrangers ou locaux.
Le presbytère de Saint-Pamphile est en quelque sorte le premier projet mené par le Collectif, ayant été loué pour les cinq prochaines années avec option d’achat. « À l’accueil, la chambre est souhaitable, car le travailleur arrive souvent seul. Mais lorsque sa famille le rejoint, il faut des logements », a rappelé la conseillère en ressources humaines.
Depuis le 30 janvier dernier, les membres de la famille de certains travailleurs étrangers temporaires sont admissibles au permis de travail ouvert. Matériaux Blanchet, qui emploie déjà 19 travailleurs étrangers et qui en attend prochainement 13 autres, s’attend dans le futur, comme d’autres entreprises de Saint-Pamphile, à ce que certains d’entre eux profitent de cette nouvelle disposition pour s’installer avec leur famille. Des logements de type 4 ½ ou 5 ½ seront donc nécessaires.
Or, le Collectif constate qu’il y a peu de ressources financières disponibles pour mener à terme ce type de projet. « Il n’y a pas de programme pour des logements qui ne sont pas à loyer modique. Construire quelque chose de neuf est presque impensable, car le prix qu’il faudrait charger en location serait démesuré pour notre région », poursuit Dominique Troie, qui avoue que le Collectif n’exclut pas solliciter les paliers gouvernementaux supérieurs à moyen terme.
Soutien du milieu
Le Collectif d’habitation L’Islet-Sud ne semble pas désespérer pour autant. Le « groupe des sept » est à analyser ce qu’il est possible pour lui de réaliser financièrement. La Ville de Saint-Pamphile soutient quant à elle les démarches de l’OBNL par le biais d’information communiquée sur les terrains prêts à la construction d’immeubles à logements.
La MRC de L’Islet, par le biais de son service de développement économique, a aussi mis son grain de sel en contribuant à la naissance du Collectif. Le modèle de l’OBNL, que le directeur du service Sylvain Thiboutot présente comme étant unique au Québec, est selon lui la solution pour contrer à la fois la pénurie de logements et le manque de promoteurs privés intéressés à bâtir en région.
« Ce qu’on veut faire, c’est identifier les besoins en loyers pour chacune des entreprises de l’OBNL, en fonction des embauches qu’elles prévoient. L’idéal serait de pouvoir mener des projets loués au deux tiers par des travailleurs étrangers, et un tiers par des locaux, qui eux aussi manquent de logements. Ça serait une belle façon de travailler à l’intégration par le biais de cette mixité entre la population locale et les travailleurs immigrants », conclut-il.