La Semaine des maisons des jeunes a été l’occasion d’offrir une programmation d’activités bonifiée aux adolescents de la région, mais également de rappeler au gouvernement provincial les besoins en matière de financement. Seulement au Carrefour des jeunes de La Pocatière, le manque à gagner pour son bon fonctionnement serait plus du double de l’enveloppe actuelle.
Quand elle se compare, elle se console. La coordonnatrice du Carrefour des jeunes de La Pocatière Andrée-Anne Jacob-Tardif se trouve chanceuse à bien des égards. Son organisme reçoit d’abord 180 000 $ par année du Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC), ce qui est beaucoup plus que bien d’autres maisons des jeunes au Québec, dont la moyenne oscille autour de 156 000 $ annuellement.
« Mais est-ce suffisant pour payer décemment tous les employés du Carrefour des jeunes ? La réponse est non », avoue-t-elle avec regret.
Le Carrefour des jeunes emploie six personnes, tous des intervenants formés en éducation spécialisée. De ce nombre, Andrée-Anne Jacob-Tardif est la seule employée à temps plein. Son bras droit, qui assure la fonction de responsable de l’animation, travaille à raison de 30 heures par semaine. « Aucun des employés au Carrefour des jeunes n’a qu’un seul emploi », ajoute celle qui, en plus d’assumer la coordination d’un organisme communautaire, travaille également à l’école polyvalente de La Pocatière et à la SAQ à temps partiel.
Malgré ce contexte, Andrée-Anne Jacob-Tardif avoue avoir des employés attachés au Carrefour des jeunes, ce qui est particulièrement réjouissant. Cette stabilité est un atout pour les jeunes qui fréquentent les lieux, et qui tissent des liens de confiance avec les intervenants. Ailleurs au Québec, le taux de rétention des employés dans les maisons des jeunes est de 54 %.
« Quand on perd nos employés, c’est toujours pour le réseau public. Mais demandez à ces employés ce qu’ils auraient fait s’ils avaient eu de meilleures conditions de travail; tous seraient demeurés dans le communautaire si les salaires étaient intéressants. »
À cela s’ajoutent des heures de travail atypiques, obligées dans le milieu des maisons des jeunes afin que les intervenants soient présents quand les adolescents ne sont pas à l’école, donc le soir ou la fin de semaine. Au Carrefour des jeunes de La Pocatière, Andrée-Anne Jacob-Tardif n’est même plus ouverte les samedis et les dimanches, mais avec un meilleur financement, elle élargirait assurément ses heures d’ouverture.
« Avec cinq intervenants à temps plein, j’aurais beaucoup plus de possibilités », poursuit-elle.
Pour y parvenir, le Carrefour des jeunes de La Pocatière aurait besoin d’au moins 435 000 $ annuellement du PSOC, ce qui signifie 255 000 $ de plus. « On est loin du compte », reconnaît Andrée-Anne Jacob-Tardif, qui doit actuellement lever des fonds auprès de la communauté, de Centraide, de la Ville de La Pocatière, ou encore par la réalisation de divers projets afin de boucler le budget de son organisme.
Tout ce temps passé à rechercher du financement n’est pas offert concrètement aux jeunes, rappelle la coordonnatrice. Plus que des lieux de loisirs, les maisons des jeunes sont des lieux de prévention pour divers problèmes touchant les adolescents de 12 à 17 ans. Encadrés et accompagnés par des intervenants formés et spécialisés en santé et services sociaux, ces jeunes sont souvent pris en charge dès l’apparition d’un problème, ce qui évite dans bien des cas une consultation ou une intervention du réseau public déjà « surengorgé ».
« Nous sommes complémentaires au service des CISSS. Ce qu’on demande au gouvernement, insiste la coordonnatrice, c’est de nous financer adéquatement, de reconnaître les bienfaits de la prévention plutôt que de descendre de l’argent à la hâte lorsqu’un problème de société devenu criant ne cesse de faire les manchettes de l’actualité. Il [le gouvernement] serait surpris des résultats. »