Le député caquiste de Côte-du-Sud, Mathieu Rivest, a tenu le vendredi 13 octobre une première rencontre citoyenne avec la population. L’objectif était de faire le bilan de sa première année à titre de représentant local à l’Assemblée nationale, tout en exposant ses objectifs pour la suite de son mandat.
Je dois d’emblée admettre que son activité, qui serait une première au Québec, a été couronnée de succès. En effet, près de 150 personnes se sont présentées à Saint-Jean-Port-Joli, dont plusieurs élus municipaux. Le stationnement de La Vigie était par ailleurs plein à craquer. Sans contredit, et selon mon expérience, notre député a marqué des points.
Si je prends le temps aujourd’hui de m’exprimer sur le sujet, c’est qu’il m’apparaît fort important pour M. Rivest de s’enraciner dans son comté, compte tenu de la situation présente pour son parti politique auprès de la population. Si on se fie aux derniers sondages, et à la cuisante défaite de la Coalition avenir Québec à la partielle de Jean-Talon face au Parti Québécois — alors que tous croyaient à une lutte serrée entre les deux formations —, la donne, bien que nous soyons encore à trois ans des prochaines élections provinciales, semble se transformer, et ce, en défaveur des caquistes.
Je ne suis d’ailleurs pas le seul à le penser, car la plupart des commentateurs de la scène politique provinciale estiment que la lune de miel est bel et bien terminée entre la population et la coalition de François Legault. N’oublions pas que M. Rivest, selon le site de projection électorale Québec 125, a perdu 11 points depuis son élection de 2022. Toutefois, il demeure fortement en avance avec 37 % des intentions de vote, alors que le Parti conservateur récolte 24 % et le PQ 22 %.
Il n’en demeure pas moins que la Coalition avenir Québec n’a présentement pas le vent dans les voiles, et que l’élection dans un comté comme le nôtre suit habituellement la tendance nationale. L’ex-député péquiste de Lac-Saint-Jean de 1976 à 2002, Jacques Brassard, affirmait qu’il était primordial pour un député de s’enraciner dans son comté, puisque lorsqu’un vent contraire se lève, le travail réalisé dans la circonscription, s’il est bien fait, peut faire en sorte que le député sortant résiste à une vague contraire. Entretenir son association locale et ses bénévoles est également indispensable pour un député.
À titre d’exemple, on peut se remémorer ensemble la victoire à l’arraché du regretté libéral Claude Béchard face à Gérald Beaulieu de l’Action démocratique du Québec à l’élection générale de 2007, dans le défunt comté de Kamouraska-Témiscouata. Avec seulement 752 voix d’avance, il avait résisté à la vague adéquiste ayant mené temporairement les troupes de Mario Dumont au statut d’opposition officielle à l’Assemblée nationale.
En contrepartie, on peut également se rappeler la défaite par neuf voix de Bernard Généreux aux élections fédérales de 2011 face au néo-démocrate François Lapointe, alors que l’ex-maire de La Pocatière avait remporté la partielle de 2009. Lorsque vous perdez par neuf voix, en l’occurrence une bagatelle, il est clair qu’il y a des choses que vous avez faites que vous n’auriez pas dû faire, et des choses que vous n’avez pas faites que vous auriez dû accomplir…
Heureusement pour M. Généreux, la chance a été de son côté à l’élection fédérale de 2015, et le travail accompli ensuite dans la circonscription de Montmagny–L’Islet–Kamouraska–Rivière-du-Loup, où le député s’est fortement enraciné, fait en sorte qu’aujourd’hui plus de la moitié de la population du comté l’appuie.
Je présume ici que l’expérience de cette défaite par neuf voix de Bernard Généreux a fortement marqué sa directrice générale, Annie Francœur qui, rappelons-le, est aussi la conjointe du député Mathieu Rivest. Je ne suis ainsi pas surpris du succès de la récente rencontre citoyenne du député provincial à La Vigie de Saint-Jean-Port-Joli.
Même si trois ans en politique sont plus qu’une éternité, il n’est jamais trop tôt pour un député de tenter de s’enraciner dans sa circonscription s’il souhaite continuer son œuvre. J’estime ainsi que Mathieu Rivest, par sa personnalité et son organisation, et possiblement par les judicieux conseils de sa conjointe, est présentement sur la bonne voie. Reste maintenant à savoir de quelle manière son parti performera sur la scène nationale, alors que ce dernier en est à son deuxième mandat, et que les critiques envers la gouvernance caquiste se multiplient.