Le loup-garou de Saint-Roch-des Aulnaies, une fausse nouvelle?

La bête du Gévaudan, gravure à l’eau-forte, 1764. Wiki Commons.

La légende du loup-garou de Saint-Roch-des-Aulnaies a fait couler beaucoup d’encre à Québec et sur la Côte-du-Sud. Mais pourquoi apparaît-elle en 1766?

Le 21 juillet 1766, la Gazette de Québec publie une nouvelle stupéfiante. Elle informe la population qu’un loup-garou a été aperçu sur la Côte-du-Sud dans le secteur de Saint-Roch-des-Aulnaies. La bête prend la forme d’un mendiant, et elle serait aussi dangereuse que la bête du Gévaudan.

Le 10 décembre 1767, la Gazette publie une nouvelle de Kamouraska qui affirme que ce loup-garou court toujours : « il commence à reparaître plus furieux que jamais et fait un carnage terrible partout où il frappe. »

Comment expliquer cette peur soudaine du loup-garou sur la Côte-du-Sud? La réponse se trouve en France. Entre le 30 juin 1764 et le 19 juin 1767, un animal de la taille d’un très gros loup aurait fait plus de 90 morts dans le pays du Gévaudan (Lozère).

Ce drame a marqué l’imaginaire de nombreux Français et il a fait couler beaucoup d’encre dans la presse internationale. Les rumeurs courent et tout le monde a sa théorie sur la nature de la bête. La Gazette de Québec en profite pour publier la nouvelle dans son édition du 11 avril 1765, rapportant qu’une bête féroce fait des ravages dans la région du Gévaudan, causant la mort de cinq personnes.

Il est intéressant de constater que l’histoire du loup-garou de la Côte-du-Sud a été publiée à la même époque où la bête du Gévaudan faisait des ravages en France. Est-ce un hasard? Une hypothèse veut que de nombreux journaux aient commencé à propager de fausses nouvelles afin de mousser leurs ventes. Est-ce le cas de la Gazette de Québec? Au 19e siècle, plusieurs journaux américains et britanniques n’hésitent pas à inventer des histoires rocambolesques pour attirer l’attention des lecteurs.