Vélo au Bas-Saint-Laurent : Le Kamouraska prudent

La Route verte en bordure de la Maison du Kamouraska à La Pocatière. Archives Le Placoteux.

Faire du Bas-Saint-Laurent la Mecque du vélo au Québec. Malgré la bonne volonté et le leadership exercé par Tourisme Bas-Saint-Laurent, toutes les MRC ne semblent pas prêtes à rouler en tandem avec l’organisation dans ce dossier. Au Kamouraska, le préfet Sylvain Roy émet publiquement des réserves quant à la suite des choses.

La réaction du préfet kamouraskois survient une semaine après la tenue à Rivière-du-Loup du Forum Vélo organisé par Tourisme Bas-Saint-Laurent. Cette activité — à laquelle participait Tourisme Kamouraska, mais pas Sylvain Roy — a permis aux acteurs présents de connaître les résultats d’une étude réalisée ces dernières années sur les points forts et faibles de la région bas-laurentienne, en lien avec le cyclisme.

Des conférenciers invités devaient quant à eux insuffler le désir aux participants de se mobiliser afin de développer et de structurer l’offre régionale au cours des prochaines années.

Tourisme Bas-Saint-Laurent a aussi profité de cet événement pour souligner qu’elle rendait disponibles des sommes allant jusqu’à 20 000 $ par MRC pour que celles-ci travaillent à la mise en place d’un plan directeur autour du vélo sur leur territoire respectif. Guillaume Lavoie, conférencier invité au Forum Vélo Bas-Saint-Laurent, a même insisté sur l’importance d’une mobilisation des acteurs régionaux et politiques, un des quatre ingrédients nécessaires pour que le Bas-Saint-Laurent devienne « le nirvana du vélo ».

Le préfet Sylvain Roy, qui n’avait toujours pas rencontré Tourisme Kamouraska pour entendre son bilan du Forum Vélo lorsque contacté par Le Placoteux, a tout de même émis quelques réserves à l’égard des ambitions de Tourisme Bas-Saint-Laurent.

« On ne peut pas embarquer dans tout ce qui nous est proposé. On a des limites comme organisation, nos équipes sont déjà débordées », s’est-il exprimé.

Même si une enveloppe financière est disponible chez Tourisme Bas-Saint-Laurent pour réaliser un plan directeur, le préfet du Kamouraska voit plus loin, et anticipe les investissements à réaliser ultérieurement en matière d’infrastructures s’il faut articuler l’offre vélo autour de la vision bas-laurentienne souhaitée.

« On n’est pas contre la vertu, mais ce à quoi nous sommes souvent confrontés, c’est l’absence de récurrence dans les enveloppes financières gouvernementales pour ce type d’infrastructures. Les organismes s’emballent au départ, car il y a de l’argent disponible pour développer, mais la responsabilité nous incombe ensuite de financer ça annuellement, souvent à bout de bras, ce qui occasionne beaucoup de déceptions. »

Route verte

Cette crainte exposée par Sylvain Roy s’appuie notamment sur l’expérience vécue avec la Route verte qui va de Sainte-Anne-de-la-Pocatière à Saint-André-de-Kamouraska. Annuellement, la MRC de Kamouraska reçoit une subvention de 19 343 $ du ministère des Transports (MTQ) pour l’entretien de ce tronçon cyclable en partie partagé avec les automobilistes, mais exclusif aux cyclistes et aux piétons pour la portion de la Grande-Anse, entre Sainte-Anne-de-la-Pocatière et Rivière-Ouelle.

Or, ce montant ne couvre même pas la moitié des frais déboursés annuellement par la MRC de Kamouraska et les municipalités traversées par la Route verte. Seulement pour 2023, la MRC évalue le budget dédié à l’entretien de la Route verte à 39 330 $, incluant l’aide financière du MTQ.

De cette somme, 10 948 $ proviennent directement de la MRC de Kamouraska, donc des quotes-parts facturées aux municipalités. À cela s’ajoute la part des municipalités traversées en biens et services rendus pour l’entretien des haltes, entre autres, un montant évalué à 9039 $. « On n’inclut même pas là-dedans le 6174 $ déboursé cette année par la MRC, sans aucune subvention, pour stabiliser les abords du pont Lifa-Rouleau (Grande-Anse). La vérité est que nos investissements, pour l’entretien de l’infrastructure Route verte seulement, augmentent d’année en année », s’est exclamé Sylvain Roy.

En 2022, des travaux de rechargement de la surface de roulement en criblure de pierre ont été réalisés sur une portion de 5416 mètres sur le tronçon de la Route verte depuis la Maison du Kamouraska vers Saint-Roch-des-Aulnaies. Total de la facture : 137 000 $, l’investissement le plus important réalisé à ce jour sur ce tronçon long d’au moins 11 kilomètres, et âgé aujourd’hui de 24 ans.

L’investissement avait été rendu possible grâce au ministère des Transports et de la Mobilité durable du Québec, dans le cadre du Programme d’aide aux infrastructures de transport actif Véloce III Volet 2, au ministère des Affaires municipales et de l’Habitation, dans le cadre du Fonds régions et ruralité Volet 2, et la MRC de Kamouraska.

« Dès 2027, lorsqu’on touchera les revenus des nouveaux projets éoliens, une belle marge de manœuvre va s’ajouter, mais pour le moment, on se doit d’être prudent avec les projets qui nous sont proposés », conclut Sylvain Roy.