Le cinéaste de Sainte-Félicité-de-L’Islet Samuel St-Pierre peut entamer la postproduction de ce qui deviendra son premier long métrage, Résonances d’un fleuve. Tourné de part et d’autre du Saint-Laurent, notamment à Rivière-Ouelle, ce documentaire, qui emprunte l’avenue du cinéma direct, est à inscrire dans la lignée du film de Pierre Perrault, Pour la suite du monde.
Une bourse de 18 500 $ provenant du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) est ce qui permettra à Samuel St-Pierre d’entamer la postproduction de Résonances d’un fleuve. Il s’agit de la deuxième bourse du genre que le cinéaste dans la trentaine reçoit du CALQ pour ce projet, la première s’élevant à 18 000 $. Une somme de 4000 $, amassée par le biais d’une campagne de sociofinancement, est ce qui avait permis de lancer officiellement le projet à l’automne 2022. « J’estimais au départ le projet à 80 000 $. Finalement, je vais avoir réalisé le film avec un budget coupé de moitié », dit-il.
Ces moyens plus modestes ne l’ont toutefois pas empêché de cumuler l’équivalent de 50 heures d’images depuis deux ans, dont plusieurs tournées ultérieurement à cette période risquent aussi de figurer au montage final. « Je me donne trois mois pour réaliser la postproduction. J’ai du pain sur la planche, et j’aurai des deuils à faire », explique le cinéaste, conscient qu’il ne pourra pas tout conserver.
Hommage à Perrault
Résonances d’un fleuve se veut pratiquement un hommage à l’œuvre Pour la suite du monde de Pierre Perrault. À maintes reprises, Samuel St-Pierre a avoué être inspiré par la démarche de celui qu’on qualifie de père du cinéma direct au Québec. Une reconstitution de la pêche aux marsouins, comme elle se faisait jadis à L’Isle-aux-Coudres, et que Perrault avait aussi reconstituée pour son documentaire sorti en 1962, est ce qui a donné le ton au projet dès l’été 2022.
Une autre reconstitution similaire, et jamais réalisée à ce jour, a également été reproduite à Rivière-Ouelle à la fin de l’été 2023. Ces images tournées au Kamouraska s’ajoutent à celles captées l’année précédente avec les quelques pêcheurs d’anguilles toujours en activité à Rivière-Ouelle. « Résonances d’un fleuve questionne la relation des Québécois avec le Saint-Laurent. Je vois le film comme le premier d’une trilogie articulée autour du “pays” », souligne le cinéaste qui n’a jamais caché sa ferveur indépendantiste.
Lancement en 2024
Samuel St-Pierre souhaite lancer Résonances d’un fleuve d’ici la fin de l’année, afin de marquer le centième anniversaire de la fin de la pêche aux marsouins à L’Isle-aux-Coudres. Le cinéaste aimerait réaliser sa première médiatique au Cinéma Le Scénario à La Pocatière, et ensuite diffuser son long métrage à L’Isle-aux-Coudres, Rivière-Ouelle, Saint-Jean-Port-Joli, et chez lui, à Sainte-Félicité-de-L’Islet.
La diffusion du film sera accompagnée de la sortie d’une revue qui présentera la démarche artistique de Samuel St-Pierre et différentes histoires de tournage. Ce document sera publié aux Éditions Charlevoix, et coécrit par le cinéaste et capitaine Marc Harvey, derrière les deux reconstitutions de pêche aux marsouins réalisées pour le documentaire. « Avec un peu de chance, j’aimerais que le film puisse faire la tournée des festivals, mais pour ça, il me faudra un distributeur. J’ai été refusé par un, jusqu’à maintenant, mais je compte bien en approcher d’autres une fois que le montage sera complété », conclut le cinéaste.