Attablé à la Poissonnerie Lauzier de Kamouraska, qu’il a fondée il y a 28 ans, Bernard Lauzier parle avec enthousiasme de son nouveau bébé qu’il vient d’ouvrir à Rivière-du-Loup. Pour lui, c’est un rêve qui se réalise.
« Nous sommes une famille de pêcheurs. Mon grand-père l’était, mon père, et moi aussi. J’ai commencé à 16 ans, et j’ai encore mes permis, même si je ne pêche plus. La poissonnerie a commencé dans un tout petit local juste à côté. Ici, c’était une épicerie », raconte-t-il entre les innombrables salutations des clients, qui l’appellent tous par son prénom.
En location au départ, c’est avec sa conjointe qu’il a ouvert le commerce. Quelques mois plus tard, cette dernière a eu un poste en enseignement, et sa mère, qui prenait sa retraite, est embarquée dans l’aventure. « Ça faisait longtemps que je voulais ouvrir une poissonnerie. J’allais pêcher, je fumais le soir, j’ai toujours adoré cela. »
De son propre aveu, lorsqu’il a acheté la Poissonnerie Cartier de Rivière-du-Loup, il avait déjà l’idée de la transformer, de la mettre à l’image qui fait le succès du siège social de Kamouraska depuis tant d’années. « Nous avons acheté en 2021, durant la pandémie. La COVID a retardé le projet de plus de deux ans, mais je suis fier de l’avoir enfin réalisé. »
La succursale de Rivière-du-Loup est beaucoup plus vaste que celle de Kamouraska, et rappelle les fumoirs d’antan. « C’était le but. Ici, j’ai dû composer avec une bâtisse existante, que j’ai agrandie pour installer mon fumoir. À Rivière-du-Loup, je ne pouvais pas agrandir. Ça aurait coûté plus cher que de démolir et tout refaire en neuf. » Ce qui fut dit fut fait. Comme les Louperivois avaient déjà pris l’habitude de fréquenter la poissonnerie et de goûter les produits de Kamouraska, Bernard Lauzier a pu compter sur la Providence.
« Noréa foyer occupait la bâtisse juste à côté, et est déménagé dans un autre local. Nos employés parlaient de notre projet aux clients, en disant espérer trouver un autre local pour s’installer temporairement. Un client qui travaillait pour Prelco, propriétaire du bâtiment voisin, a dit qu’il avait une solution pour nous. C’est ainsi que Prelco nous l’a loué, et que nous avons pu y transférer la poissonnerie, le temps de démolir le bâtiment voisin d’origine et d’en rebâtir un autre à notre image. En même temps, les travaux de construction intriguaient les gens », confie-t-il.
Un fumoir dernier cri
Dans les locaux de Kamouraska se trouve le fameux fumoir dont monsieur Lauzier parle avec enthousiasme. « Nous fumons des pétoncles, du saumon, de la truite, du jambon, du bacon, du fromage, du smoked-meat [pourquoi pas!], selon une méthode familiale et ancestrale dont la recette demeure secrète.
« Je fume moi-même depuis 28 ans. Avec l’ancien fumoir, je devais fumer trois fois par jour, presque 24 heures sur 24. Je ne pouvais presque pas quitter la surveillance plus de 45 minutes, afin d’alimenter le fumoir en bran de scie. Le nouveau fumoir est beaucoup plus vaste, peut conserver la méthode de fumage que nous avons développée, mais c’est un robot. Il peut fumer les produits en une ou en six heures, selon la méthode requise. »
Mets à emporter
La seule différence avec la succursale de Rivière-du-Loup, c’est la formule du restaurant qui, plutôt que de proposer des places assises, offre des mets à emporter. « Il y a une cuisine et tout est préparé sur place, avec un menu similaire à celui de Kamouraska, à la différence que les gens peuvent déguster leurs mets préférés chez eux ou au parc de la Pointe, au bord de la mer.
Linguinis aux fruits de mer, pétoncles, guedilles aux crevettes, chaudrées, longes de morue, fish & chip, lobster roll, poutine aux fruits de mer feront le délice des clients louperivois, ou de ceux qui seront de passage, parce que la Poissonnerie Lauzier de Rivière-du-Loup est installée sur le boulevard Cartier, à un jet de pierre de l’autoroute 20 et de l’arrivée des clients du traversier. Le commerce créera huit emplois qui s’ajouteront à la quarantaine de Kamouraska.
Bernard Lauzier ne pêche plus. Il achète directement les produits des bateaux, ou fait pêcher son quota par d’autres pêcheurs de Montmagny, de Saint-Denis et de Kamouraska, pour l’anguille évidemment. Il la transforme, et les excédents sont vendus sur le marché asiatique.
Et pour l’avenir, l’homme ne ferme aucune porte, à savoir si d’autres succursales pourraient voir le jour. « Je ne sais pas où cette nouvelle aventure nous mènera. Il y a 28 ans, je n’aurais jamais cru que nous serions rendus aussi loin. Nous avons plusieurs camions sur la route qui font la liaison Kamouraska-Montréal chaque semaine. J’essaie de développer un service similaire vers Matane, pour alimenter la Gaspésie. »