J’ai souvent l’impression, et je crois que les contribuables la partagent, que les paliers de gouvernement supérieurs se servent du peuple, surtout de la classe moyenne, de façon sournoise pour financer leurs obligations et responsabilités publiques. Je ne remets pas en doute l’usage de nos impôts et de nos taxes dans le financement de ces obligations et responsabilités, dans la mesure où ils sont utilisés de façon judicieuse et équitable. Toutefois, il y a une impression que certains gouvernements aiment mieux prendre l’argent de nos impôts et de nos taxes pour servir de grandes compagnies et leurs propriétaires milliardaires, au détriment de leurs propres infrastructures (écoles, hôpitaux, routes, transports), ce qui devrait normalement être priorisé.
Le Kamouraska a dû faire face à plusieurs situations régionales d’envergure lors des dernières années : siège social de l’ITAQ à Saint-Hyacinthe; pavillon de médecine vétérinaire passé sous le nez de La Pocatière; ruptures de services répétées à l’hôpital Notre-Dame-de-Fatima à la suite de la création des CISSS; mauvaise couverture cellulaire faute d’investissements publics allés ailleurs que dans notre MRC, bien qu’on nous promette encore que ceux-ci viendront… Je ne crois pas que tous ces dossiers portés et défendus ardemment par notre milieu soient des caprices. Et maintenant s’ajoute la piscine intérieure du Cégep de La Pocatière, propriété du gouvernement provincial, qui a été négligée comme le reste des infrastructures, rapport à l’appui. Autre caprice?
Qui, dans les derniers mois, avait besoin le plus de l’argent de nos taxes et de nos impôts : nos écoles, ou la méga-usine de batteries de Northvolt, qui aurait bien pu avoir quelques millions de moins? Les King de Los Angeles et les millionnaires du hockey ou nos piscines institutionnelles dans nos cégeps et nos écoles? Airbus, qui a déjà reçu plusieurs millions lors de la transaction avec Bombardier, ou nos grands hôpitaux en décrépitude, et nos petits hôpitaux en région pour que nos soins restent ICI? Oui, il faut soutenir et encourager le développement d’entreprises au Québec. Cependant, lorsque je vois les dirigeants et les actionnaires de ces grandes compagnies, qui ne sont pas à plaindre, je me dis qu’ils doivent déjà tous avoir chez eux leurs piscines privées!
Soutenir financièrement la piscine intérieure du Cégep de La Pocatière, dans une région où elle constitue la seule infrastructure de ce type dans un rayon de plus ou moins 70 km, à l’ouest comme à l’est, devient donc une question de jugement et de responsabilité sociale. Est-ce normal que les citoyens soient toujours obligés de ramper, de prendre de leur temps précieux pour se mettre à genoux aux pieds des gouvernements, et de leur rappeler qu’ils doivent remplir leurs obligations de base et de nécessité envers la population? J’appuie le sens des propos du préfet, Sylvain Roy, que nous n’avons pas à nous substituer aux obligations du gouvernement dans leurs propres champs de compétence; les municipalités en ont déjà assez sur les bras!
Je considère l’implication citoyenne bénéfique, elle offre aux citoyens un moyen d’exprimer leurs opinions, de partager leurs idées, et de contribuer activement à leur milieu. Par contre, ce n’est pas normal que la survie de dossiers aussi prioritaires, essentiels et urgents comme celui de la piscine intérieure du Cégep de La Pocatière dépende de l’engagement citoyen. Nous avons élu des députés pour nous représenter, défendre nos intérêts ainsi que les dossiers importants de notre circonscription. On ne veut pas seulement de quelqu’un qui fait les commissions, mais d’un député qui défend les dossiers du comté avec énergie et rigueur afin que cesse, sur le terrain, la perte de nos acquis qui contribuent à la qualité de vie de notre milieu, en plus de le rendre attractif.
J’aimerais que le premier ministre et son conseil des ministres soient plus à l’écoute des demandes des députés élus de nos régions qui ne font pas partie de cette « garde rapprochée ». Si je compare le gouvernement à un bon père de famille, je crois qu’il néglige actuellement une partie de ses enfants, et qu’il faut le dénoncer. Le Québec a le moyen de faire mieux, ce n’est qu’une question de choix et de priorités.
Jean-François Pelletier, maire et citoyen de Sainte-Anne-de-la-Pocatière