Le départ de Pierre Fitzgibbon et le débat sur le projet de loi sur l’énergie (PL69) vont enfin nous donner l’occasion de remettre en question cette aventure insensée dans laquelle le gouvernement Legault tente de nous précipiter.
« Qui a foutu le bordel? a demandé Gabriel Nadeau-Dubois. Qui a vendu en quelques mois, à rabais, l’équivalent de deux fois La Romaine? C’est Pierre Fitzgibbon, c’est lui qui a foutu le bordel dans notre planification énergétique. »
Nous avons affaire, en effet, à une opération de bradage de nos ressources les plus précieuses, pour des années à venir, au profit de compagnies étrangères, et au détriment de nos entreprises québécoises et des consommateurs québécois. Cette politique nous ramène aux pires trahisons des gouvernements Taschereau et Duplessis qui ont vendu notre fer aux Américains pour une cent la tonne, et concédé des royaumes de forêts aux papetières étrangères pour de misérables emplois de bûcherons et de draveurs.
Alors qu’hier encore on affichait des surplus d’électricité, au point de condamner les parcs éoliens et d’en vendre à perte aux États-Unis, soudainement, soi-disant pour « décarboner » le Québec et le monde, il faudrait qu’Hydro-Québec, donc nous tous, investissions 185 MILLIARDS en nouveaux projets électriques durables, au prix de sévères économies d’énergie et de hausses de tarifs de tous côtés, de concessions de plus en plus en plus larges aux producteurs privés d’électricité, sans parler des pertes de revenus provenant d’Hydro-Québec au cours des prochaines années.
Pourquoi et pour qui? Pour électrifier toutes nos autos individuelles d’ici 2035, pour développer la filière batterie — à commencer par l’équivalent de deux fois les récents barrages de La Romaine uniquement pour l’usine improbable de Northvolt —, et pour fournir à perte des mégawatts à des compagnies étrangères et à la Nouvelle-Angleterre, de préférence à nos compagnies québécoises, comme vient de le démontrer le président d’Hydro-Québec Michael Sabbia.
Faut-il être assez vendu pour marchander ainsi ce que nous avons de plus précieux, à nos frais par-dessus le marché!
Si encore c’était pour doter notre immense territoire et nos grandes villes de réseaux efficaces de transport collectif, trains, métros, tramways; pour bâtir une économie verte et circulaire bien à nous, et des communautés autonomes et durables en ville comme en région. Mais non, c’est pour sauver l’automobile individuelle, l’industrie automobile, les grandes villes et les grandes banlieues énergivores, les pick-up de luxe à 100 000 $, les multinationales étrangères qui s’arrachent les mines de lithium et de graphite, et tout ce qui vient avec l’auto électrique individuelle : les matériaux, le luxe, les routes, le bitume, les bornes, le plastique…
À terme, tout cela consommera autant sinon plus d’énergie et de ressources non renouvelables qu’avant. D’ailleurs, le pétrole se porte toujours fort bien : le Canada le subventionne largement, les USA fracturent à qui mieux mieux, les Scandinaves se verdissent avec les profits de leurs puits de pétrole en mer, les Arabes achètent des clubs de soccer célèbres, et manipulent les guerres avec l’argent de leur pétrole pur. Les voyages en avion aussi, et les croisières luxueuses sont à la hausse : le tourisme devient même une menace.
Ce n’est pas simple de se passer du pétrole : pensons seulement à ce qu’il faudrait d’énergie animale et humaine pour faire ce qu’accomplit une simple « pépine » (débusqueuse) avec un litre de pétrole.
Nous avançons en pleine contradiction et dans l’inconscience crasse.
Nous courons à notre perte.