Conversation avec Isabelle Richer

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Dans le cadre du gala du roman policier tenu à Saint-Pacôme la première fin de semaine d’octobre, l’invitée d’honneur Isabelle Richer a offert à ses admirateurs un café-rencontre à la bibliothèque La Mosaïque de La Pocatière.

Près d’une quarantaine d’amateurs s’étaient déplacés pour l’occasion. Plusieurs avaient déjà lu le volume publié par la journaliste (Ce que je n’ai jamais raconté, Éditions La Presse), mais tous la connaissaient pour sa longue carrière de chroniqueuse judiciaire et pour ses balados.

D’entrée de jeu, la rencontre se présente non pas comme une conférence, mais plutôt comme une conversation entre le public et Mme Richer, qui répondra aux questions avec beaucoup de générosité. Durant plus d’une heure, on apprendra les origines de son intérêt pour le polar — qui a commencé dès ses 16 ans avec la lecture des San Antonio —, et le détail de son parcours de vie qui la mènera de l’archéologie au grec ancien, avant que la création de TQS la fasse bifurquer vers le journalisme.

Il a bien sûr été question de nombreux cas mémorables, de Rocco Magnotta à Mario Bastien, en passant la l’évocation de la résilience impressionnante de plusieurs victimes. Une question du public aura permis d’apprendre que Mme Richer n’a pas couvert le procès du tristement célèbre Francis Proulx, qui a assassiné en 2008 à Rivière-Ouelle l’attachée politique Nancy Michaud. « Ce n’était pas sur mon territoire, mais Francis Proulx m’a écrit, comme beaucoup avant lui. Évidemment, je ne pouvais rien faire pour lui! »

Développer l’empathie

La fréquentation assidue des palais de justice durant plus de 25 ans aura forgé en elle une philosophie où se mêle l’admiration envers les survivants de drames souvent horribles, et la compassion pour les criminels dont le parcours difficile aura laissé peu d’espace pour la réhabilitation.

En entrevue avec Le Placoteux après la rencontre, Isabelle Richer a insisté sur l’importance pour elle de partager son expérience avec le public. « C’est dans ce contexte-là que je peux prendre le temps de faire de la pédagogie sur ces concepts qui sont si complexes. » Elle explique que d’avoir été en contact avec des tragédies humaines sans nom l’a menée à comprendre qu’il y a toujours deux côtés à une médaille.

« Bien sûr, on a de l’empathie pour les victimes, pour leurs familles, c’est humain et c’est naturel. Mais la vraie empathie est beaucoup plus large, et se développe avec les années, quand on apprend l’histoire des accusés. J’ai mesuré combien le milieu est important dans un destin criminel, et la grande chance que j’ai eue de grandir avec un entourage aimant et bienveillant. »