2025 est une année d’élections municipales. Plus de 1000 élus de la dernière cuvée ont abandonné leur poste en cours de route en raison de l’hostilité des citoyens, et de l’absence de pouvoirs et de ressources appropriées.
Quel mal ronge notre démocratie locale? Pour résumer, je dirais que le mal vient du fait que les politiciens, plus précisément les partis politiques, ont usurpé le pouvoir des citoyens, et l’ont concentré dans une machine bureaucratique de plus en plus inefficace.
Ce que nous appelons notre démocratie n’est presque plus l’exercice du pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple. C’est l’exercice du pouvoir par les partis politiques, leurs députés, et un gouvernement central tout-puissant. Les municipalités sont officiellement des « créatures » de ce gouvernement central, et on le leur fait bien sentir.
Il faut inverser les choses, et refonder notre démocratie sur sa base, et non sur sa pointe. Le rôle de l’État, c’est de coordonner et d’assurer l’équité territoriale, ce n’est pas de tout contrôler.
Soyons clairs, la prise en charge du territoire et de la communauté peut et doit se faire d’abord au niveau local et régional : la protection des boisés, des milieux humides, des cours d’eau et de la faune, le logement, la culture, les loisirs, la famille, les transports locaux, l’hygiène publique, l’autonomie alimentaire, l’eau potable, le patrimoine, les enfants, les personnes âgées, l’agriculture, la vie économique, la vie communautaire, et même la gestion courante des services de santé et d’éducation. Dans les faits, on a dépossédé nos villages de leurs fonctions vitales.
Mais cela ne peut pas se faire uniquement par les élus municipaux, même si ce sont eux qui ont le pouvoir légitime de décider. Il est essentiel que les citoyens s’organisent pour intervenir en permanence auprès de leurs élus. Une « assemblée citoyenne locale » devrait pouvoir réagir, suggérer, faire pression auprès des élus. Celle-ci devrait disposer d’un minimum de moyens pour s’informer, et pour informer la population. Elle devrait pouvoir se servir du mécanisme d’initiative populaire consultatif (référendum consultatif prévu dans le Code municipal). Ce mécanisme permet de soumettre à un vote populaire l’adoption ou le rejet de règlements ou de projets, si un nombre suffisant de citoyens en font la demande. Sans cette participation citoyenne à la prise en charge de leur communauté et de leur milieu, on le voit, les élus se retrouvent coincés devant une foule de « clients » intolérants qui en veulent toujours plus… ou qui leur en veulent tout court.
On répondra que les élus municipaux n’ont ni les pouvoirs ni les ressources pour mettre en œuvre une telle prise en charge locale. Si on veut inverser la machine centralisatrice et les machines partisanes. Il faut oser, exiger, innover, miser sur nos ressources communautaires. La liberté, disait-on, ça ne se quémande pas, ça se prend. Il faut des élus prêts à prendre des risques pour leur communauté en s’assurant de la participation des citoyens. Rien de plus malsain que cette culture de la dépendance qui s’est installée depuis quelques années dans les municipalités rurales.
Le Québec est un grand territoire composé de grandes régions qui sont de véritables pays en soi. Un Québec souverain doit se décentraliser, redonner son autonomie à chaque région, à chaque village et à chaque quartier, et surtout aux citoyens, car c’est le peuple qui est souverain.