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Écrans et jeunesse : un consensus politique pour une génération à protéger

Le rapport final a été déposé récemment à l’Assemblée nationale à Québec. Photo : Assemblée nationale du Québec

Portée par la députée de Rivière-du-Loup–Témiscouata, Amélie Dionne, la Commission spéciale sur les impacts des écrans et des réseaux sociaux a su transcender les clivages partisans pour déposer récemment un rapport renfermant 56 recommandations unanimes visant à mieux encadrer l’univers numérique des jeunes Québécois.

« Tous les partis ont travaillé main dans la main pour prioriser la santé et le développement de nos jeunes », a résumé Mme Dionne, présidente de cette commission exceptionnelle formée en juin 2024. En une année de travaux, cette vaste démarche a rassemblé élus, spécialistes, citoyens, et surtout les jeunes eux-mêmes dans une série d’auditions, de consultations et de rencontres dans les écoles.

Le rapport final, déposé à l’Assemblée nationale récemment, repose sur une méthodologie rigoureuse : 66 témoins entendus en auditions publiques, plus de 70 mémoires déposés, une tournée dans 17 écoles à travers six régions du Québec, et une consultation en ligne ayant recueilli plus de 7000 réponses. Parents, enseignants, chercheurs, médecins, mais aussi élèves de tous âges ont ainsi pu faire entendre leur voix sur un enjeu devenu central dans la société numérique.

Le constat est sans équivoque : l’exposition précoce et prolongée aux écrans a des effets mesurables sur la santé physique, psychologique et sociale des jeunes. Dès l’âge préscolaire, les enfants passent de plus en plus de temps devant les écrans, parfois plus de deux heures par jour, ce qui est associé à des retards dans plusieurs sphères du développement, selon l’Institut de la statistique du Québec. À l’adolescence, ce sont les troubles du sommeil, la sédentarité, l’anxiété, la dépression, et même la cyberdépendance qui préoccupent les experts.

Encadrement du temps d’écran

Parmi les recommandations phares du rapport, plusieurs visent directement l’encadrement du temps d’écran : mise en place de balises claires à l’école, soutien accru aux parents, promotion d’activités sans écran, meilleure régulation des contenus en ligne, et lutte contre la cyberintimidation. La Commission propose aussi un concept fort : celui de « majorité numérique ». Elle recommande de fixer à 14 ans l’âge minimal pour s’inscrire sur les réseaux sociaux, assorti d’un système de vérification d’identité. Une mesure qui répond à une forte demande citoyenne, et qui vise à protéger les adolescents des contenus inappropriés ou nuisibles.

Cette proposition s’inscrit dans une série d’actions destinées à rétablir un équilibre entre les bienfaits du numérique et ses dérives. L’objectif n’est pas d’éradiquer les écrans de la vie des jeunes, mais de s’assurer que leur usage soit sain, encadré, et bénéfique au développement.

Alors que les effets de l’omniprésence numérique s’intensifient, le rapport sonne comme un appel collectif à agir. En conférence de presse, Mme Dionne a insisté sur l’importance d’une mobilisation intersectorielle : « Ce que nous avons réalisé ensemble montre que quand il s’agit de nos jeunes, il n’y a pas de parti politique. Il n’y a qu’un devoir de protection. »

Dans son rapport, la Commission recommande non seulement d’interdire les cellulaires en classe, mais également dans l’ensemble de l’enceinte scolaire, y compris pendant les pauses et le dîner au secondaire. Une tolérance pourrait être accordée pour des raisons de santé ou d’adaptation, mais les règles seront strictes et bien balisées.

Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a rapidement donné suite à l’une des recommandations clés du rapport sur les écrans : dès la rentrée 2025, les cellulaires seront interdits sur l’ensemble du territoire scolaire québécois, sauf exceptions pédagogiques autorisées.