Après des témoignages difficiles des victimes, des familles et du coupable lui-même, la cour a tranché : Sébastien Miville purgera quatre années de pénitencier pour avoir causé la mort de deux personnes et en avoir blessé d’autres en conduisant avec les facultés affaiblies par des stupéfiants.
Rappelons qu’en octobre 2018, le conducteur, Sébastien Miville, avait perdu la maîtrise de son véhicule pour ensuite traverser le terre-plein central et entrer en collision avec un autre véhicule circulant dans les voies inverses de l’autoroute 20 à la hauteur de La Pocatière. L’accident avait fait deux morts, dont Kelly Charest, qui était sa copine et passagère, et le conducteur du véhicule qui circulait dans la voie inverse, Alain Dion de Matane, qui avait 63 ans. Miville a plaidé coupable en mars dernier.
La juge Luce Kennedy a d’abord entendu la fille d’Alain Dion. « Mon père a été l’homme de ma vie, mon confident, mon ange gardien », a-t-elle dit avec émotions. Elle a affirmé avoir peur de conduire, de mourir et être anxieuse depuis le décès tragique de son père, qui était à l’aube de la retraite.
La femme de M. Dion s’est aussi adressée à la cour lors de cette étape des observations sur la peine. « Je revis constamment ces moments », a dit celle qui est par ailleurs l’une des survivantes de l’accident. « 1000 ans de prison ne me ramèneront pas l’homme de ma vie », a-t-elle résumé.
D’autres extraits de lettres ou de commentaires déposés à la cour ont été entendus, dont celui de la mère de Kelly Charest, décédée à l’âge de 17 ans. L’avocate de la couronne Me Liliane Laforest a résumé les propos dits par la dame en question à une intervenante, à savoir qu’elle avait beaucoup de peine et qu’elle avait dû mal à dormir. Elle a aussi déménagé depuis, car le souvenir de sa fille était trop dur.
Ensuite, la voix secouée de lourds sanglots, Sébastien Miville, qui avait 22 ans au moment des faits, s’est excusé, a offert ses sympathies et a dit avoir « beaucoup de remords ».
Suggestion commune
Les deux avocats ont fait une suggestion commune à la juge Luce Kennedy, soit quatre ans de pénitencier et une interdiction de conduire qui se poursuivra trois ans après sa sortie.
Certains facteurs étaient atténuants, dont le fait qu’il ait plaidé coupable, qu’il soit jeune, qu’il n’ait pas d’antécédents judiciaires et, comme l’a souligné son avocat Me Francis Paradis, qu’il soit sobre depuis un certain temps. Toutefois, en facteurs aggravants, il a été noté que l’accident s’est produit à 19 h 30, à une heure de grande circulation, mais aussi qu’il avait consommé deux drogues, soit du THC et de la méthamphétamine.
Au niveau de la jurisprudence en pareille matière, la juge a indiqué qu’une peine de 18 mois à trois ans était considérée comme étant clémente et une peine de trois à six ans était jugée sévère.
Elle a conclu que la suggestion des avocats était raisonnable et Sébastien Miville a pris le chemin du pénitencier pour les quatre prochaines années.