Le centre de traitement des dépendances La Montée de Rivière-Ouelle s’inquiète de l’isolement que provoque la pandémie chez les joueurs compulsifs. Très peu de personnes ayant des problèmes de jeu excessif ont entamé une thérapie interne au sein de leur service, ressource officielle en la matière au Bas-Saint-Laurent.
L’inquiétude est d’autant plus grande que tous les indicateurs pointent vers une augmentation du jeu compulsif dans la dernière année, principalement en ligne, de l’avis de la coordonnatrice de La Montée Véronique Dionne. Elle cite un article de la revue L’actualité de février dernier dans lequel on fait état de mises atteignant 61 M$ durant les six premiers mois de 2020 dans les jeux en ligne de Loto-Québec.
« C’est quatre fois plus que l’année précédente à pareille date. Et ce n’est que les chiffres de Loto-Québec, car on ne connaît pas les données des autres sites où on offre du jeu en ligne, mais qui ne sont pas propriété du gouvernement. Tout ça, ça nous questionne : où sont passés nos joueurs compulsifs », se demande-t-elle ?
Les conséquences néfastes de la pandémie sur le quotidien des gens n’ont rien de nouveau pour les organismes comme La Montée qui travaillent au traitement et à la prévention des dépendances, mais tout porte à croire que l’isolement est la variable qui aide le moins les personnes ayant une problématique de jeu excessif. Les casinos ayant été fermés durant une bonne partie de la pandémie, même chose pour les bars ayant des appareils de loterie vidéo, les joueurs compulsifs se sont visiblement tournés massivement vers le jeu en ligne avec au passage cette perte du « regard social » qui pouvait parfois agir comme frein dans les lieux publics.
Cette facilité d’accès s’ajoute à une marge financière plus importante pour plusieurs personnes en raison du télétravail à la maison, qui limite les déplacements en voiture et l’absence de grandes dépenses de loisirs avec la fermeture prolongée des restaurants et des lieux culturels. Ces éléments font que la pratique s’est possiblement démocratisée auprès de gens considérés habituellement « moins à risque ». Au final, les revenus des casinos en ligne de Loto-Québec ont bondi de 132 % durant les six premiers mois de 2020, toujours selon L’actualité, pour se chiffrer autour de 106 M$.
« Le jeu en ligne, c’est encore plus pervers, car tout est virtuel. Tu ne manipules pas d’argent, alors t’es porté à jouer davantage et de plus grands montants. Tout ce que tu fais, c’est cliquer. La conscience de ce que t’es en train de faire est moins au rendez-vous. Et là, les gens vulnérables, ils ont que ça à faire actuellement », rappelle Véronique Dionne.
La coordonnatrice cite même des données de Statistique Canada pour appuyer ses dires, soulignant que les mises en ligne sont jusqu’à sept fois plus élevées que dans toutes autres formes de jeux. Les conséquences sont aussi plus néfastes, les problèmes relationnels, de sommeil et de consommation étant souvent plus sévères pour les personnes investies excessivement dans le jeu en ligne.
Accès rapide
Devant ce constat alarmant, La Montée lance une offensive pour rappeler son offre de service dédiée aux joueurs compulsifs. De la publicité sur les médias sociaux circule depuis quelque temps et les organismes partenaires de La Montée ont aussi été mobilisés.
L’organisme promet aussi un accès rapide à son service de thérapie interne. Celui-ci consiste en une thérapie régulière de trois semaines combinées à un suivi personnalisé orienté vers la problématique du jeu excessif. Les entrées peuvent se faire sur une base continue, selon l’évaluation faite par les intervenants de La Montée. Informations : centrelamontee.com.