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À la recherche d’anciens stagiaires

Normand Fortin.

Des souvenirs enfouis depuis 55 ans refont surface. Normand Fortin, ancien volontaire du Peace Corps étatsunien, lance un appel touchant pour retrouver ceux qui ont partagé un été exceptionnel à la fin des années 60. Ce projet, qui pourrait sembler être une simple réunion d’anciens collègues, a en fait des racines profondes dans les villages de Rivière-Ouelle, de Saint-Denis-De La Bouteillerie et de Saint-Philippe-de-Néri.

« Vers la fin des années 60, le Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière accueillait en été de jeunes Américains nouvellement diplômés des universités américaines. Ces jeunes étaient des volontaires du Corps de la paix américain qui se préparaient à aller enseigner l’anglais, langue étrangère, en Afrique francophone de l’Ouest », raconte Normand Fortin de Rivière-Ouelle, ajoutant que pour certains, cet été québécois n’était pas seulement une formation, mais aussi une échappatoire à la conscription pour le Vietnam.

Le stage en question, chapeauté par l’Université de Californie à Los Angeles en collaboration avec l’Université Laval, avait quatre buts : apprendre ou approfondir la connaissance du français, apprendre les techniques d’enseignement d’une langue étrangère, se sensibiliser à une culture différente, et mettre en pratique les connaissances et les habiletés acquises.

« J’ai fait partie du groupe de l’été 1969 comme stagiaire, ainsi que de celui de l’été 1971 comme professeur de français, puisque j’avais terminé mon séjour au Cameroun, où j’avais été affecté avec 26 des 110 stagiaires qui, eux, furent placés dans d’autres pays ouest-africains, notamment le Dahomey [aujourd’hui le Bénin], la Côte d’Ivoire, le Niger, le Sénégal, le Togo et la Haute-Volta [Burkina Faso] », précise M. Fortin.

Hébergement dans les familles

La première partie de la formation, entièrement donnée au Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, consistait en des cours intensifs de français. Mais c’est la deuxième partie, un mois passé dans les familles d’accueil de Rivière-Ouelle, Saint-Denis et Saint-Philippe-de-Néri, qui a profondément marqué ces jeunes volontaires. Hébergés chez des agriculteurs locaux, ils ont non seulement perfectionné leur français, mais ont également mis en pratique les techniques d’enseignement de l’anglais aux jeunes villageois.

Normand Fortin s’est lié d’amitié et a gardé contact avec quelques volontaires de cette époque, qui ont enseigné avec lui au Cameroun. Ils se réunissent environ tous les cinq ans. Cette année, il a décidé d’organiser une grande fête du 1er au 3 octobre, pour célébrer le 55e anniversaire de leur séjour en Afrique. « Étant donné notre âge avancé, il se peut que cette rencontre soit une des dernières. »

Ainsi, M. Fortin est à la recherche de personnes qui habitaient à Rivière-Ouelle, Saint-Denis ou Saint-Philippe-de-Néri à l’été 1969, et qui auraient suivi leurs cours d’anglais ou qui auraient hébergé des stagiaires dans leur famille. « J’estime que nos étudiants auraient eu entre 9 et 12 ans à l’époque, et donc pourraient avoir entre 64 et 67 ans aujourd’hui. Nous aimerions savoir si ces anciens élèves se souviennent de notre passage, et peut-être même recueillir leurs propres souvenirs et anecdotes. »

Cette quête de souvenirs est également un témoignage du lien profond qui a uni M. Fortin à la région. « Mon stage de formation dans la région a eu des effets non seulement sur mon enseignement en Afrique, mais aussi dans ma carrière comme professeur de français, » confie-t-il. En effet, des décennies plus tard, M. Fortin est revenu au Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière pour diriger l’École d’été de français du Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta, un poste qu’il a occupé jusqu’à sa retraite en 2010. De plus, il habite toujours Rivière-Ouelle.

Si vous vous reconnaissez, et avez des souvenirs ou des anecdotes de cet été 1969, vous êtes invité à vous manifester, afin de contribuer à boucler la boucle d’une histoire qui a débuté il y a plus de cinq décennies. Vous pouvez écrire à edensurmer159@gmail.com.

Premier jour de l’immersion totale en français au collège : l’enterrement de la langue anglaise à la façon louisianaise.
Charlie Blanchard (volontaire à Dschang) et Constance Konold (volontaire à Garoua) préparant leur enseignement à l’école de Saint-Philippe-de-Néri.
Cours de français avancé à l’école de Saint-Denis-De La Bouteillerie. Le professeur camerounais Roger Épée, Normand Fortin (Maroua), Pamela Gibbon (Yaoundé), Paul Hamel (Bafia et Yaoundé), Shirley Barker et Harold Ross.
La famille de Saint-Philippe-de-Néri qui a hébergé Constance Konold (assise au bout de la table). (Photos : Normand Fortin)