Baisse d’achalandage, départ du meunier, découvert bancaire dans les états financiers… 2020 a été une année tumultueuse à la Seigneurie des Aulnaies. Un bénéfice d’exercice intéressant combiné à des subventions gouvernementales importantes et une hausse des visites au courant de l’été 2021 laissent toutefois entrevoir un avenir meilleur pour l’organisme.
Les finances de la Seigneurie des Aulnaies présentées en assemblée générale annuelle le 27 mai dernier n’auraient probablement pas suscité l’émoi si ce n’était de la divulgation d’un découvert bancaire inexpliqué de près de 11 000 $.
« L’enquête se poursuit afin de comprendre ce qui a bien plus se passer, mais selon Mallette (firme comptable responsable des audits financiers), il aurait été pratiquement impossible pour nous de déceler cela », ajoute-t-il.
L’auditeur indépendant (Mallette) est néanmoins catégorique quant à la responsabilité de la direction et des responsables de la gouvernance à l’égard des états financiers, dans les premières pages de son rapport. Deux administrateurs ont d’ailleurs quitté le conseil d’administration de la Corporation à la suite de l’assemblée générale annuelle, démissions qui ont été motivées par des raisons personnelles et qui n’ont rien à voir avec cette histoire de découvert bancaire, assure André Anglehart.
« Nous avons depuis adopté des mesures internes qui nous ont été recommandées par Mallette afin d’éviter qu’une situation comme celle-là ne se reproduise de nouveau. Il y a maintenant une séparation des tâches entre la facturation et les dépôts », résume le directeur général.
Bénéfice financier et achalandage
Malgré ce découvert bancaire, la situation financière de la Seigneurie des Aulnaies s’est toutefois améliorée au courant de la dernière année, la Corporation ayant terminé son exercice financier avec un bénéfice de 73 047 $. André Anglehart rappelle qu’à la suite du déficit d’un peu plus de 45 000 $ enregistré au courant de 2019, une rationalisation budgétaire a été opérée à l’interne afin de diminuer les charges de l’organisme. Des économies effectuées à gauche et à droite en plus d’une hausse fulgurante des ventes de farine (+67 %) au moulin ont permis de dégager cet important surplus, malgré une baisse marquée de l’achalandage.
« 2020 a été catastrophique pour nous au chapitre des visites. On a enregistré une diminution de 50 % par rapport à 2019. Il faut dire qu’en raison de la pandémie, notre capacité maximale d’accueil au manoir était aussi moins grande, car on ne pouvait pas recevoir plus de 12 personnes à la fois. Il n’y avait pas non plus de clientèle scolaire, ni d’autobus, ni de Fête du Pain. »
André Anglehart souligne qu’une augmentation de l’achalandage a été observée durant l’été 2021 en comparaison avec 2020, grâce notamment à une période d’ouverture beaucoup plus longue de la Seigneurie au public, de juin à octobre, et le retour de certaines activités comme la Fête du Pain. Cette augmentation reste toutefois inférieure d’environ 15 % à l’achalandage connu en 2019, a-t-il reconnu.
Départ du meunier
L’autre brique à tomber sur la tête de la Seigneurie des Aulnaies a été le départ récent du meunier Réjean Labbé, qui en plus d’être l’artisan derrière la farine produite au moulin était également le principal guide lors des visites de ce dernier depuis près de 35 ans. Rappelons que le travail de Réjean Labbé a été souvent souligné au fil des ans, notamment par la Société d’histoire et de généalogie de la Côte-du-Sud qui lui a décerné le mérite historique en 2019 et Tourisme Chaudière-Appalaches qui l’a coiffé d’un Grand prix du tourisme en 2006.
« Réjean a quitté pour des raisons personnelles. À la base, on croyait qu’il nous quitterait plutôt pour la retraite, le pourquoi on avait déjà procédé à l’embauche d’une relève en la personne de Steve Beaulieu il y a plusieurs mois. Les liens ne sont pas rompus avec Réjean pour autant et on pourra continuer de se référer à lui pour des questions particulières », indique André Anglehart.
De l’avis du directeur général, ce départ est symptomatique de la situation du marché de l’emploi actuel où les entreprises se cannibalisent entre elles pour avoir accès à de la main-d’œuvre de qualité. Pour la Seigneurie des Aulnaies, améliorer les conditions de travail du meunier au moulin et les procédés de production figurent maintenant au chapitre des priorités.
Préoccupations
L’ensemble de ces difficultés rencontrées par la Seigneurie des Aulnaies au cours de la dernière année n’a pas manqué de rebondir au conseil municipal de Saint-Roch-des-Aulnaies, comme en témoigne le procès-verbal du 5 octobre dernier. La Municipalité, à titre de propriétaire du site, a signifié être également préoccupée « au sujet de ces ennuis qui, au lieu de se résorber, semblent malheureusement s’accumuler ». Elle a néanmoins tenu à rappeler aux citoyens qu’il est du ressort des membres de l’organisme eux-mêmes d’exiger des explications et la reddition de compte nécessaire auprès de son conseil d’administration.
Grâce à des subventions totalisant plus de 145 000 $ qui figurent dans les états financiers de la dernière année, mais qui n’ont pas été comptabilisées dans l’excédent financier de 73 047 $, André Anglehart est convaincu que la Seigneurie des Aulnaies dispose des assises financières nécessaires pour bien orchestrer sa relance. L’organisme travaille d’ailleurs à compléter son plan stratégique des prochaines années dont les grandes orientations seront dévoilées ultérieurement.