Augmentation salée de la facture : Les municipalités s’interrogent sur la gestion de la Sûreté du Québec

Normand Caron. Photo : Archives Le Placoteux

Les municipalités du Québec desservies par la Sûreté du Québec (SQ) ont récemment reçu leur facture pour les services policiers en 2025. Elles y ont trouvé des hausses parfois importantes atteignant 10 %, 15 %, voire plus de 20 % pour certaines localités, la moyenne québécoise se situant à 6,47 %. En Côte-du-Sud, la hausse n’est pas si dramatique, mais on estime tout de même que le gouvernement doit analyser la gestion de la SQ afin d’identifier des économies potentielles.

« Ces nouvelles charges, imprévues, vont obliger plusieurs municipalités à puiser dans des fonds alloués à d’autres projets, car l’enveloppe budgétaire globale reste inchangée. Des choix rapides et difficiles devront être faits pour maintenir l’équilibre des finances municipales. Les conséquences de ces hausses tarifaires pourraient se traduire par des coupes dans certains services ou projets pour la communauté », estime Joé Deslauriers, président du Caucus des municipalités locales de l’UMQ.

Les raisons

L’année 2025 marque la fin de la période transitoire pour le partage des coûts des services de la Sûreté du Québec, provoquant un tournant important pour les municipalités qui devront désormais assumer 50 % des dépenses. Qui plus est, le recours accru aux heures supplémentaires, dû à un manque de personnel, les rajustements différés pour refléter l’inflation passée, des investissements dans la modernisation des infrastructures et des équipements, et la demande croissante de services diversifiés tels que la cybersécurité et les enquêtes spécialisées alourdissent encore plus les charges financières.

La méthode de calcul basée sur l’évaluation foncière des municipalités ajoute une pression supplémentaire, car une hausse de l’évaluation entraîne automatiquement une augmentation de la facture, indépendamment des besoins réels en services policiers. Cette situation, combinée à la fin des plafonds d’augmentation, risque de créer des disparités importantes entre les municipalités, certaines devant absorber des hausses disproportionnées en raison de leur assiette foncière croissante.

Notre région épargnée

Ce n’est toutefois pas le cas dans la région, puisque du côté de Saint-Jean-Port-Joli, l’augmentation pour ce service est de moins 1 %, alors que pour La Pocatière, on parle de 2,46 %. La raison : leur évaluation foncière n’a pas augmenté massivement, comparativement à d’autres localités du Québec.

C’est notamment le cas de la ville de Témiscouata-sur-le-Lac qui doit faire face à une augmentation de près de 40 % de sa facture pour les services de la Sûreté du Québec, atteignant désormais 733 000 $. Cette hausse inattendue, de 208 000 $ par rapport à l’année précédente, dépasse largement l’augmentation initialement prévue de 7 %.

Solidaire

Face à cette situation, la Municipalité de Saint-Jean-Port-Joli, à l’instar de la Fédération des municipalités du Québec (FMQ), propose des actions pour maîtriser ces coûts. Elle demande au ministre de la Sécurité publique François Bonnardel de mandater une firme externe pour analyser la gestion de la SQ, s’inspirant des solutions trouvées pour réduire les dépenses dans le secteur des transports publics.

La Municipalité en appelle également à maintenir des plafonds et planchers d’augmentation, tant « qu’aucune solution durable n’aura été mise en place ».

Cette résolution, adoptée à l’unanimité, vise à donner aux municipalités du Québec un droit de regard sur la gestion des services policiers, dont la facture totale s’élève en 2025 à plus de 444,8 M$. « Le monde municipal n’est pas impliqué dans la détermination des conditions de travail des policiers, c’est pour cela que nous demandons à Québec de mandater une firme externe pour analyser la gestion de la Sûreté. Il y a des limites à la capacité de payer des contribuables! », conclut Normand Caron, maire de Saint-Jean-Port-Joli.