Avenir des églises : Mgr Goudreault estime que les diocèses font beaucoup

Mgr Pierre Goudreault. Archives Le Placoteux.

L’évêque du diocèse de Sainte-Anne-de-la-Pocatière se réjouit que l’avenir des églises du Québec préoccupe de plus en plus de gens, mais il met des bémols à la récente sortie du groupe citoyen Portes ouvertes qui prétend que les diocèses et les gouvernements sont indifférents à la question. Selon lui, les diocèses du Québec, notamment ceux en région comme le sien, accompagnent bien les communautés dans cette transition depuis une bonne vingtaine d’années.

Mgr Pierre Goudreault réagissait de la sorte à la suite de la parution de la lettre ouverte du groupe citoyen Portes ouvertes dans Le Devoir du 16 janvier dernier. Les dix coauteurs de cette lettre prenaient parole au nom du mouvement qu’ils représentent et d’une « vingtaine de particuliers mobilisés et d’organisations œuvrant dans ce milieu ».

« Ce collectif fait-il référence davantage à une réalité plus urbaine? De notre côté, je dirais que ce qui est dénoncé n’est pas la réalité vécue sur notre territoire; on est loin de laisser aller les bâtiments à la dérive », s’est-il exclamé.

Dans le diocèse de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, Mgr Goudreault estime qu’une bonne dizaine de bâtiments religieux ont été cédés à la communauté depuis 25 ans. Ces requalifications — qui ont donné naissance dans plusieurs cas à différents projets articulés autour d’organismes à but non lucratif portés par des laïcs — originent à la base de réflexions entamées par les conseils de fabrique locaux, accompagnés par le diocèse.

Par la suite, des laïcs de la communauté se greffent au groupe, ou encore des représentants des municipalités et des MRC. « Prétendre que seuls les laïcs veillent à la préservation du patrimoine religieux, c’est faux », poursuit l’évêque, en réaction à ce qui est avancé dans la lettre du groupe citoyen Portes ouvertes.

Par la charge historique que renvoient les églises dans leur communauté, Mgr Goudreault est d’avis que plusieurs personnes croient à tort que ces bâtiments appartiennent à tous.

Or, s’il fut une époque où la société civile et l’Église ne faisaient qu’un, il en est autrement aujourd’hui.

« Peut-être que nos ancêtres ont contribué à la construction de l’église du village, mais la réalité est que depuis les années 1960, il n’y a qu’une petite poignée de croyants qui veille au maintien de ces bâtiments. Et quand ça ferme, il y a très peu de gens pour s’en émouvoir. »

Ouvrir la discussion

En réponse au groupe citoyen Portes ouvertes, le comité exécutif de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec a rédigé une lettre dans laquelle il plaide pour une véritable discussion collective au sujet de l’avenir des églises, voire même une consultation provinciale de type « états généraux ». L’exécutif souhaite avant tout être considéré comme partenaire dans cette réflexion et dans l’action.

Mgr Goudreault souscrit au contenu de cette lettre. Au même titre que ses confrères évêques, il se rallie aussi à plusieurs points évoqués par le groupe citoyen Portes ouvertes, par exemple privilégier les projets communautaires dans la requalification des églises à ceux d’intérêts privés. Il demeure toutefois réaliste. « Si un des projets qui émerge se rapproche de notre mission d’entraide, tant mieux. Mais il faut garder en tête que la liste de projets potentiels n’est pas très longue, surtout dans les petites communautés. »

Salles communautaires, centres de la petite enfance, bibliothèques, ou encore salon funéraire sont quelques exemples de reconversion qui ont fait leurs preuves, aux yeux de Mgr Goudreault. D’autres sont-elles possibles, comme l’aménagement de logements, idée qui doit être étudiée du côté de Sainte-Félicité-de-L’Islet? « Si ce sont des logements sociaux, pourquoi pas? Ce qu’il faut, c’est regarder ce qui est viable et réaliste. Il ne faut pas demeurer avec un bâtiment qui est en ruines après. Céder une église pour la requalifier, ça ne s’improvise pas. Il faut être vigilant. »

Église de Sainte-Félicité-de-L’Islet. Archives Le Placoteux.